On attendait Wols, c’est le prince d’Orléans qui a défrayé la chronique. Les photographies historiques de la succession d’Henri d’Orléans, comte de Paris, réalisées entre 1850 et 1930 par des amateurs le plus souvent inconnus, ont connu un grand succès le 14 novembre à Drouot avec un produit total dépassant les 2 millions de francs. En revanche, seuls 50 % des 107 tirages réalisés, entre 1931 et 1940, par Alfred Otto Wolfgang Schülze dit Wols ont trouvé preneurs le 17 novembre chez Baron-Ribeyre pour un total de 1,3 million de francs. Jacques Tajan et ses deux experts, Serge Kakou et Paul Benarroche, ont eux remarquablement bien tiré leur épingle du jeu obtenant plus de 3,2 millions de francs pour leurs photographies des XIXe et XXe siècles.
PARIS - Un sans-faute pour les études Nicolay et Delorme & Fraysse qui dispersaient le 14 novembre, avec le concours de l’expert Marc Pagneux, une collection de photographies provenant de la succession du comte de Paris. Les 160 lots ont tous été vendus pour un total de 2,1 millions de francs. Les vieilles familles françaises, fidèles lectrices de Point de vue, (ex Point de vue, Images du monde) se sont arraché les plus beaux lots de cet ensemble composé de souvenirs historiques. La plupart de ces images, prises par des photographes amateurs, ont très largement dépassé leurs estimations comme un album sur la guerre de Sécession parti à 280 000 francs contre une estimation haute à 120 000 francs, la plus forte enchère de la vente. Comprenant 293 images, il avait été composé en l’honneur du comte de Paris et du duc de Chartres qui s’engagèrent dans l’armée des États du Nord à l’invitation du prince de Joinville. Autre résultat surprenant : un ensemble de trois tirages salés albuminés d’après négatif verre d’un chantier naval situé en Grande-Bretagne a multiplié par dix son estimation basse à 80 000 francs. Un album de portraits carte de visite datant des années 1860 comprenant 150 photographies de la famille d’Orléans est, lui, parti à 62 000 francs, un autre avec 110 tirages a décuplé son estimation haute à 38 000 francs. La visite du tsar Nicolas II à Paris, en octobre 1896, a, elle aussi, été plébiscitée par les collectionneurs, qui ont payé 16 000 francs, un ensemble de 43 tirages argentiques estimé 1 500 francs.
Un “Portrait de Garibaldi” par Le Gray à 50 000 francs
Beaux résultats également pour la vente de photographies des XIXe et XXe siècles menée par Jacques Tajan avec le concours des experts Paul Benarroche et Serge Kakou. L’estimation basse fixée à 2,5 millions de francs a été largement dépassée à 3,2 millions de francs. L’ensemble de 43 photographies de voyage, réalisées à Terre-Neuve entre 1857 et 1861 par Paul-Émile Miot, a obtenu 550 000 francs au marteau. Deux tirages albuminés représentant un chauffaud à Terre-Neuve sont partis à 55 000 francs. La plupart des photographies XIXe se sont vendues dans la fourchette de leurs estimations. Un ensemble de dix tirages de Baldus, Vues de Périgueux, vers 1860, est parti à 38 000 francs, une Vue du pavillon Richelieu au Louvre, un tirage albuminé de Gustave Le Gray de 1857, à 42 000 francs et un Portrait de Garibaldi, réalisé à Palerme en 1860, dû également à Le Gray, à 50 000 francs. Dans la section, moins étoffée consacrée à la photographie du XXe siècle, la plus forte enchère est allée à un Portrait de Sarah Bernhardt, tirage argentique du début du siècle attribué à Paul Nadar, qui a été adjugé 85 000 francs. Une belle Composition florale de 1927 de Laure Albin Guillot a plus que quadruplé son estimation basse à 28 000 francs. Forte enchère également pour une Femme arabe nue au visage voilé, un tirage réalisé vers 1920 par Lenhert et Landrock, qui est partie à 42 000 francs, soit dix fois son estimation. Les treize lots comprenant des tirages de Willy Ronis se sont tous vendus entre 3 500 et 6 000 francs, à l’exception du portfolio au Nu provençal comprenant 12 photographies de Ronis, tirées en 1985 par Jean-Pierre Amar, parti à 45 000 francs.
La vente Wols (Alfred Otto Wolfgang Schülze, 1913-1951) composée d’une centaine de tirages originaux provenant de la collection de sa veuve, Gréty, fut, elle, beaucoup plus terne malgré la présence dans la salle d’un grand nombre de collectionneurs étrangers – Allemands, Suisses et Américains en tête. Seuls 50 % des lots, dispersés par l’étude Baron Ribeyre avec le concours de l’expert Viviane Esders, se sont vendus. Ce manque d’enthousiasme du public tiendrait en grande partie au mauvais état de conservation de certains tirages. Les plus fortes enchères se sont portées sur les natures mortes et abstractions colorées du photographe, contemporain de Kertész, Cartier-Bresson et Man Ray, qui se mêla à la mouvance surréaliste. Une Composition avec oignons et tomates a doublé son estimation à 150 000 francs et une Composition colorée sans titre à 90 000 francs. Trois natures mortes ont été préemptées par le Centre national Georges-Pompidou. La première, un tirage argentique d’époque montrant une Tête de lapin écorché, portant des annotations manuscrites Grety Wols au crayon, à 100 000 francs, la seconde, Un lapin écorché au peigne et à l’harmonica, à 90 000 francs et la troisième une composition, Sans titre, Les Rognons de porc, à 65 000 francs.
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Wols trébuche, le comte de Paris triomphe
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°116 du 1 décembre 2000, avec le titre suivant : Wols trébuche, le comte de Paris triomphe