Trois questions à

Willy Huybrechts, antiquaire et expert en Art déco à Paris

« Montrer ce que je parviens à sortir des collections »

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 5 novembre 2004 - 535 mots

 Comment se porte le marché de l’Art déco ?
Il se porte bien pour le haut de gamme. En ventes publiques, les pièces rares sont toujours soutenues, alors qu’elles le sont moins pour le mobilier des années 1940. Je pense par exemple aux deux lampes de Rateau vendues le 20 mai 2003 chez Christie’s à Paris à plus de 250 000 euros chacune, à la table-console d’Eileen Gray de la collection Lagerfeld partie à 327 000 euros le 15 mai 2003 chez Sotheby’s, et au fauteuil Bibendum d’Eileen Gray adjugé à Drouot le 9 décembre 2003 par Camard pour le prix record de 260 000 euros. Plus récemment, le 27 mai 2004, une figurine en céramique de Jean Besnard s’est envolée à 175 000 euros chez Tajan, faisant beaucoup de bruit. Et j’ai acheté le très beau bureau de Printz en bois de palmier chez Christie’s à Paris le 18 mai pour 151 000 euros. Tous les grands noms de l’Art déco ont fait de beaux prix. Remarquez qu’on n’y trouve pas Sornay, ni Adnet... Du côté des galeries, les marchands ont bien travaillé en même temps que la Biennale des antiquaires. Parallèlement, la marchandise moyenne se s’écoule pas bien. Aux puces, les professionnels tirent un peu la langue...

Quelles œuvres vous ont marqué récemment ?
La Biennale des antiquaires reste ce qui a été le plus marquant. Deux stands m’ont frappés. D’abord celui de Cheska Vallois avec le mobilier Rateau de Jeanne Lanvin. Indépendamment de mes goûts personnels, c’est l’un des derniers ensembles prestigieux connus qui sort aujourd’hui après être resté très longtemps dans la famille. Dans mon métier, c’est un exploit, un événement. L’autre exposition qui m’a plu est celle de Christian Deydier sur les Qidan. Je ne connais rien aux objets chinois et asiatiques, mais j’ai trouvé ces pièces époustouflantes. C’était la première fois que je voyais cela. Cela a été magique. L’alliance de la céramique et de l’or, à travers notamment deux gourdes magnifiques, m’a impressionné. Je n’imaginais pas voir de tels objets ailleurs que dans un musée. Et puis, pour en revenir à mon domaine, il y avait un meuble d’appui en bois de palmier par Eugène Printz présenté par la galerie L’Arc en Seine, tout à fait de mon goût.

Quelle est votre actualité?
J’ai changé de galerie. En déménageant du 10 au 11 de la rue Bonaparte, je suis passé de 30 à 120 m2. Au moins, aujourd’hui, je peux m’exprimer librement et montrer à mes concurrents et amis ce que je peux faire avec une grande galerie. C’est un travail de longue haleine. Je suis jeune, mais je ne veux pas rester à la traîne. Je voudrais montrer la marchandise que je parviens à sortir des collections, c’est-à-dire autrement qu’en achetant en salles des ventes, ce qui se fait un peu trop facilement. En même temps, je prépare un livre sur Dominique avec Félix Marcilhac, à paraître courant 2006-2007 aux Éditions de l’Amateur. Car Dominique est un artiste « top qualité », particulièrement son travail des années 1927 à 1935, sa période faste quand il faisait partie du « groupe des Cinq » [avec notamment Chareau et Puiforcat]. Mais il n’y a jamais eu d’ouvrage de référence sur lui.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°202 du 5 novembre 2004, avec le titre suivant : Willy Huybrechts, antiquaire et expert en Art déco à Paris

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