PARIS - Face aux dessins de Davor Vrankic, la réaction des spectateurs est souvent l'étonnement, ponctué de la question : mais comment fait-il ?
Ce fut le cas l’an dernier, lors de Drawing Now Paris, le Salon du dessin contemporain, alors que les spectateurs étaient littéralement « scotchés » devant les polyptyques qu’il présentait sur le stand de la galerie Alfa (aujourd’hui fermée). Il s’agissait de quatre immenses panneaux composés chacun de douze dessins interchangeables, ce qui donnait à peu près 17 millions de combinaisons possibles.
La surprise est encore une fois au rendez-vous avec l’exposition présentée à la galerie Da-End par cet artiste né en 1965 à Osijek en Croatie, et qui vit aujourd’hui entre Paris, New York et Zagreb. On y retrouve en effet ses incroyables dessins, au format souvent important compte tenu de sa technique, extrêmement riches, fouillés et fourmillants de milliards de tout petits traits ! Un défi à la vraisemblance. Et au temps. Car Vrankic, qui travaille plusieurs dessins à la fois, consacre des mois à chacun, sur une durée de deux à trois ans, comme en témoignent les dates de ceux ici présentés : 2010-2013.
Très précis, l’artiste ne dessine qu’à la mine de plomb numéro 092B, sans estompe et quasiment jamais de gomme, prenant le parti d’un minimum de moyens pour un effet maximal qui lui permet d’exceller dans le traitement des noirs, des blancs, et surtout des gris, de la lumière et de l’espace.
Appels d'air
Cette nouvelle série marque une évolution nette vers un dessin moins saturé qu’auparavant, à l’exemple justement de ces grandes trouées de lumière (par la surface laissée vierge), qui traversent chaque œuvre de façon fulgurante, véritables coups de vent comme autant d’appels d’airs qui aèrent l’espace. L’atmosphère ainsi installée, animée par une forte présence de la nature et une hybridation des formes, à la croisée du végétal et de l’humain, n’est pas sans rappeler ici ou là l’ambiance et l’inquiétante étrangeté de certains films d’Hayao Miyazaki. Au-delà même de cette référence, les cadrages et les éclairages créent un effet cinéma.
Ces nouveaux dessins, tout en restant figuratifs, sont moins narratifs que les précédents et cette nouvelle « mise en scène », plus ouverte, permet d’entrer et de se promener plus librement dans l’histoire évoquée. D’où le titre de l’ensemble, « Tentation d’éveil », dont les interprétations multiples invitent à regarder le sujet sous des registres distincts, à suivre les ramifications et télescopages de niveaux de réalité différents qui s’interpénètrent constamment.
Le prix des dessins varie en fonction de leur format et va ainsi de 5 000 euros pour le plus petit (50 x 70 cm) à 27 000 euros, non pas pour le plus grand (bien qu’il mesure 2 m x 1 m), mais pour le plus ancien, daté de 1996, qui permet ici un joli contrepoint et une meilleure compréhension de l’évolution de l’artiste.
Nombre d’œuvres : 18
Prix : entre 5 000 et 27 000 €
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Vrankic en pleine lumière
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 8 mars, galerie Da-End, 17, rue Guénégaud, 75006 Paris, tél. 01 43 29 48 64, www.da-end.com, du mardi au samedi de 14h à 19h.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°407 du 14 février 2014, avec le titre suivant : Vrankic en pleine lumière