Les ventes parisiennes ont conforté la solidité du marché pour le secteur, couronnant la collection Dina Vierny chez Artcurial et un Modigliani chez Sotheby’s.
PARIS - « Le marché, arrivé à maturité, est très solide ! », analysait Pierre-Emmanuel Martin-Vivier, spécialiste chez Christie’s, avant la session de ventes parisiennes d’art impressionniste et moderne organisées fin novembre. Les très bons résultats obtenus, notamment pour les plus belles provenances, confirment ces propos, mais ce sont Sotheby’s et Artcurial qui ont le plus brillé lors de cette semaine.
Le 2 décembre, Artcurial frappait fort avec une vente de 24 lots estimée de 8,7 à 12,1 millions d’euros. La maison a atteint un total de 12,8 millions d’euros (1) , honorant de façon éclatante la collection Dina Vierny proposée en collaboration avec Sotheby’s. La complicité entre Aristide Maillol et sa muse a fait florès : La Rivière s’est envolée à 6,2 millions d’euros, très au-dessus de son estimation (2 à 3 millions d’euros hors frais). Emportée par un collectionneur américain au terme d’une belle bataille, cette monumentale sculpture en plomb d’un corps de femme sur le dos a battu un record pour l’artiste. L’œuvre a ainsi détrôné le précédent prix de 3,6 millions d’euros obtenu pour L’Air chez Sotheby’s New York en 2000.
Également au rang des records, mais cette fois-ci pour un dessin, une étude pour La Rivière a atteint 580 000 euros (est. 250 000-350 000 euros hors frais). Au total, la collection de la galeriste et fondatrice du Musée Maillol, qui comprenait également deux œuvres contemporaines vendues le lendemain, a remporté 9,3 millions d’euros, et ainsi multiplié par près de trois son estimation basse. En revanche, malgré des renforts en communication, le succès n’a pas été au rendez-vous pour Le Pont de l’Europe de Caillebotte, dont l’estimation avait été baissée en dernière minute, passant de 3-4 millions à 1,8-2,2 millions d’euros (hors frais). Le paysage urbain, qui est une étude pour le tableau du musée du Petit Palais de Genève, n’a récolté que 1,8 million d’euros.
Portrait de collectionneur
Sotheby’s avait vu grand avec sa vente de 68 lots, estimée entre 20,2 et 28,9 millions d’euros (hors frais). Mais la maison avait vu juste : elle est parvenue à se distinguer avec un total de 23,7 millions d’euros. En proposant le Portrait de Roger Dutilleul de Modigliani, Sotheby’s faisait un pari risqué. Ce tableau représentant l’un des plus grands collectionneurs français du XXe était le plus cher jamais proposé par l’auctionneer dans sa catégorie (est. 7 à 10 millions d’euros, hors frais). Et si sa provenance était belle – les descendants de Roger Dutilleul en avaient hérité –, l’œuvre n’était pas fraîche sur le marché : en 2004, elle était restée sur le carreau chez Christie’s New York. Mais le portrait a été adjugé 6,5 millions d’euros, un record pour un tableau en France. Attendu, Bunt im Dreieck (1917), de Kandinsky, a de son côté obtenu 1,8 million d’euros, dans son estimation, tandis que plusieurs œuvres de Chagall, fort disputées, partaient au-delà des leurs. Au terme de cette année 2013, Sotheby’s France totalise 43,4 millions pour l’art moderne et impressionniste, et conserve ainsi sa place de leader dans ce domaine.
Christie’s proposait le 3 décembre une vente moins ambitieuse que ses rivales : 104 lots estimés entre 7,8 et 11,6 millions d’euros (hors frais). Ce sont Les Genêts en fleurs de Félix Vallotton qui ont su attirer les regards : la bataille entre deux enchérisseurs dans la salle s’est achevée à hauteur de 1,1 million d’euros, près de trois fois l’estimation basse. Faut-il y voir l’effet de sa fraîcheur sur le marché combiné à celui de l’exposition actuelle du peintre suisse au Grand Palais ? De la collection de Georges et Suzanne Ramié, Verre et pichet, remportée pour 841 000 euros, a peiné à atteindre son estimation basse tandis que Femme debout dépassait la sienne avec l’enchère d’un marchand européen à 720 000 euros.
Deux autres œuvres phares de la vente, Le Peintre au chevalet à Saint-Paul de Chagall, et le Sourire du diable de Picabia, acquises respectivement 553 000 et 361 000 euros, n’ont pas rencontré d’enthousiasme débordant. Le musée Rodin a de son côté préempté pour 103 000 euros Le Lion qui pleure, œuvre du père de la sculpture moderne datée de 1881.
Estimation : 8,7 à 12,1 M€ (hors frais)
Total : 12,8 M€ (frais compris)
Lots vendus : 21 sur 24
Taux de vente : 87 %
Estimation : 7,8 à 11,60 M€ (h. f.)
Total : 10,2 M€ (f. c.)
Lots vendus : 86 sur 102
Taux de vente : 84 %
Estimation : 20,2 à 28,90 M€ (h. f.)
Total : 23,7 M€ (f. c.)
Lots vendus : 57 sur 68
Taux de vente : 84 %
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Vierny et Modigliani stars des ventes
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°403 du 13 décembre 2013, avec le titre suivant : Vierny et Modigliani stars des ventes