Abordé aussi bien par les verriers, les artistes que les designers, le verre contemporain affiche de nombreuses facettes. Florissant aux États-Unis, son marché reste encore timide en France. À la jonction de l’art et de l’artisanat, le verre contemporain s’affiche.
Le verre contemporain a trouvé en Amérique son pays de cocagne. Figure de proue du Studio Glass Movement, l’Américain Dale Chihuly a imposé dans les années 1960 son chromatisme éclatant et son sens de l’installation. Il faut compter entre 6 500 et 40 000 € chez le marchand new-yorkais Barry Friedman pour des œuvres réalisées avant 1979. Les créations tout en corolles de Toots Zynsky, autre nom emblématique aux États-Unis, valent entre 4 000 et 18 000 €. La progression des prix est notable, puisque ses œuvres ne valaient que 5 000 F voilà 20 ans.
Parallèlement en Europe, l’école tchécoslovaque s’épanouit sous l’impulsion de Stanislav Libensky. Décédé voilà trois ans, ce dernier privilégiait les formes abstraites et géométriques. Lors de la première exposition que la galeriste Clara Scremini lui avait organisée à Paris en 1988, ses tarifs s’échelonnaient de 15 000 à 30 000 F. La barre se place aujourd’hui entre 45 000 et 65 000 €.
Autre figure célèbre née en Slovaquie, Yan Zoritchak est réputé pour ses Fleurs célestes qu’il a déposées de part et d’autre de la calotte terrestre. Le marchand cannois Daniel Guidat propose les œuvres de Zoritchak dans une gamme de 8 000 à 20 000 €. Certaines pièces prétendent même à des prix plus corsés. Daniel Guidat avait ainsi vendu une pièce de la série Équilibre en verre optique sans inclusion pour 70 000 € sur la foire strasbourgeoise St-art en novembre 2005.
Après avoir excellé dans les années 1960, les fours de Murano se sont pour la plupart cantonnés à une production touristique. Une renaissance se perçoit toutefois grâce aux recherches du Japonais Yoichi Ohira et de l’Italienne Laura de Santillana. La Grande-Bretagne apporte sa pierre à l’histoire du verre avec le développement à la fin des années 1970, mais surtout dans les années 1980, du Royal College.
En France, la tradition ne s’est développée que tardivement. L’intérêt se cristallise actuellement sur une poignée de noms tels Alain et Maryse Bégou, Antoine Leperlier, le couple Perrin & Perrin ou Bernard Dejonghe. Les prix de ce dernier voguent entre 4 500 et 7 000 € à la galerie parisienne Sarver, tandis que ceux des Bégou atteignent les 5 000-7 000 € chez Daniel Guidat. Les artistes verriers ont toutefois tendance à répéter les mêmes formules, surtout lorsqu’elles s’avèrent porteuses. « Or le verre requiert de l’exigence », martèle Clara Scremini.
Malgré un réveil observé ces dernières années, le marché du verre contemporain reste confidentiel en France. « Les prix n’ont pas évolué de la même façon qu’en peinture. Dans le verre, l’évolution est lente, mais sûre. Ce n’est pas un marché de club, comme l’art contemporain, mais de gens sérieux qui s’éduquent à travers la construction de leur collection », observe Clara Scremini.
Si le verre tarde encore à percer le marché hexagonal, il jouit d’une vraie légitimité outre-Atlantique. Celle-ci se mesure d’ailleurs à l’aune de prix insoupçonnés en France ! Les créations de Michael Glancy s’arrachent ainsi entre 16 700 et 62 600 €. Proches des dégradés chromatiques du maître de l’expressionnisme abstrait Mark Rothko, les œuvres de Laura de Santillana valent entre 5 800 et 16 700 €. De même, les subtiles créations mosaïquées de Yoichi Ohira se négocient entre 5 600 et 23 000 €.
Les designers comme Ettore Sottsass, Borek Sipek ou Emmanuel Babled ont investi le champ du verre avec un certain bonheur. À mi-chemin entre l’art et le design, les boîtes en pâte de verre surplombées de couvercles en argent de Ron Sariel s’apprécient autour de 4 500 € chez Clara Scremini.
Le verre ne laisse pas indifférent les artistes plasticiens. Pour preuve le travail baroque du Français Jean-Michel Othoniel dont les gros colliers valent entre 80 000 et 90 000 € chez Emmanuel Perrotin. Cette galerie exigeait 180 000 € pour sa sculpture baptisée le Bateau de larmes, exposée sur le parvis de la foire Art Basel en juin 2005. La mode du verre était perceptible en décembre 2005 sur Art Basel Miami avec une omniprésence de lustres d’artistes. On en trouvait à toutes les sauces, d’un spécimen en verre vénitien transparent par Cerith Wyn (37 500 €) chez White Cube à un exemplaire en Murano noir de Fred Wilson (41 700 €) chez Pace Wildenstein. À la jonction de l’art et de l’artisanat, le verre s’affiche pour le meilleur et parfois le pire.
Toots Zynsky”‚(née en 1951). Cette Américaine figure parmi les fondateurs de la Pilchuck Glass School. Adepte de fils de verre fusionnés, elle invente en 1982 une machine lui permettant des fils plus fins et longs. Technique baptisée filet-de-verre. Yoichi Ohira (né en 1946.) Vénitien d’adoption, ce Japonais s’est spécialisé dans les murrhines, baguettes de verre multicolores sectionnées en rondelles. Bernard Dejonghe (né en 1942). Venu au verre par la céramique, cet artiste français en a une approche « minérale ». Ses œuvres sont traversées de voiles de givre, obtenues par cristallisation pendant la cuisson.
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Verre contemporain
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°577 du 1 février 2006, avec le titre suivant : Verre contemporain