Si les sept ventes programmées n’ont pas toutes connu le même succès, le total cumulé de leurs résultats a atteint 17,6 millions d’euros.
Paris. Du 16 au 20 juin, quatre maisons de ventes organisaient à Drouot sept ventes thématiques de la collection « Aristophil ». Cette société créée par Gérard Lhéritier dans les années 1990 et spécialisée dans le commerce de manuscrits et autographes – elle sera liquidée en 2015 – aurait floué 18 000 épargnants pour un préjudice proche du milliard d’euros. Une première vente avait été organisée par la maison de ventes Aguttes le 20 décembre 2017. Elle avait rappporté 3,8 millions d’euros, mais, avec 30 % d’invendus, elle envoyait un signal décevant au marché. Or, c’est une autre partition qui s’est jouée cette fois-ci. Alors que l’estimation des sept ventes cumulées s’élevait à 15 millions d’euros, ce sont 17,6 millions qui ont été récoltés. La vente ayant pour thème les écrits du Moyen Âge et de la Renaissance, coordonnée par Claude Aguttes, a doublé son estimation avec un produit de vente atteignant 10 millions d’euros. Pièce phare de cette vacation, le livre d’Heures dit « de Petau » (du nom des armoiries rajoutées au XVIIe siècle), réalisé au XVe siècle par l’enlumineur Jean Poyer, a fait des étincelles : estimé 700 000 à 900 000 euros, il s’est envolé à 4,2 millions au téléphone contre la galerie Les Enluminures. Mais les épargnants n’y trouvent pas leur compte puisque le manuscrit leur avait été vendu 7 millions d’euros par Gérard Lhéritier.
Autres succès : le volet « musique » présenté par les opérateurs Ader-Nordmann et Aguttes, qui a engrangé 3,2 millions d’euros (avec en particulier un manuscrit musical de Robert Schumann cédé 650 000 euros), et celui des œuvres et correspondances de peintres. Ici, c’est une lettre de Van Gogh qui a obtenu la plus forte adjudication (533 000 €). En revanche, la vente consacrée par Artcurial aux héros de l’aviation n’a pas séduit puisque seulement 14 lots ont été vendus sur les 76 proposés, avec un résultat atteignant péniblement le quart de l’estimation de départ (2 M€).
Mais si dans l’ensemble ces ventes remportent un succès indéniable, elles laissent un goût amer. « Les estimations étaient très basses, ce qui était bien vu de la part des maisons de ventes.Mais, ce qui est inquiétant, c’est que ces vacations comportaient les lots les plus importants liés au scandale Aristophil », observait un connaisseur du marché. « Il est dommage de se séparer de ces œuvres en début de parcours car leur dispersion diluée dans le temps aurait pu “tirer” les lots secondaires, lesquels représentent environ 70 % du total. Ce sont les propriétaires de ces lots qui vont le plus en pâtir », se désolait-il.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Ventes « Aristophil », estimation dépassée
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°505 du 6 juillet 2018, avec le titre suivant : Ventes « Aristophil », estimation dépassée