Ventes allemandes et autrichiennes chez Christie’s

LONDRES - Christie’s s’efforce de renouveler le succès des ventes autrichiennes et allemandes de mai l’an dernier. Le 13 octobre prochain, la vente comprendra des tableaux anciens, des dessins, des estampes et des sculptures. Christie’s renonce à organiser une vente à thème d’œuvres d’art, car il est actuellement difficile de trouver des œuvres exceptionnelles. Il est certain que ces ventes thématiques ne sont pas toutes des réussites – la vente à thème de peinture française, après le relatif échec de juin dernier, ne sera pas renouvelée.

Simon Theobald, qui dirige le Département des estampes, explique que Christie’s a choisi cette année de mettre l’accent sur leur qualité. La vente de l’année dernière avait battu des records, notamment pour une peinture allemande du XIXe siècle de Friedrich, Marche au crépuscule, pour une peinture allemande moderne de Nolde, Tournesols, et pour une estampe du même artiste, Danseur. La vente avait rapporté au total 9 millions de livres (74,7 millions de francs environ).

Cette vente a également permis de souligner les défauts et les qualités des salles de ventes allemandes. Leur force, ces dernières années, tenait à leur aspect très régional – le marché allemand n’a d’ailleurs pas connu la crise des autres salles des ventes. Beaucoup de salles allemandes sont de petites entreprises familiales. La vente de Christie’s a en quelque sorte montré leurs limites.

La vente de Christie’s comprendra quelques œuvres d’art importantes, dont une toile de Caspar David Friedrich, une petite huile représentant des personnages sur la plage, la nuit. Datée des années 1830, elle est estimée entre 400 000 et 600 000 livres. Le succès de la précédente vente londonienne pourrait se répéter : en juin l’année dernière, Christie’s a vendu une grande peinture réalisée par Johann Gärtner, Schlossfreiheit, Berlin, pour 850 000 livres (environ 7 millions de francs). La vente d’octobre comprendra une œuvre de même qualité, mais plus petite, intitulée Sous les tilleuls, et dont les estimations basses s’établissent entre 120 000 et 180 000 livres (soit entre 996 000 francs et 1,5 million de francs environ) et un portrait, de Menzel, intitulé Le Rabbin de Bagdad, estimé entre 200 000 et 300 000 livres.

Le Département des modernes présentera un grand paysage de bord de mer de Nolde, Mer d’automne XVI, qui fait partie d’une série de 19 toiles sur le même thème. Propriété des descendants de l’artiste, il n’a pas été montré au public depuis 70 ans. Cette œuvre est estimée entre 350 000 et 450 000 livres (2,905 et 3,735 millions de francs environ). Parmi les estampes se trouvera une des plus belles œuvres graphiques de Kandinsky : une étonnante estampe intitulée Orange, de 1922, estimée entre 60 000 et 80 000 livres (soit entre 478 000 et 664 000 francs environ). Une estampe comparable a été vendue en 1989 pour 100 000 livres (soit 830 000 francs environ).

Simon Theobald explique aussi que l’identité et la provenance des acheteurs de la vente de 1993 étant connues, il est plus facile de contacter ce nouveau groupe de collectionneurs, de marchands et de musées. M. Theobald estime qu’il s’agit d’une vente importante d’art allemand et autrichien, mais que si Christie’s organisait une vente à Berlin, elle porterait tort aux activités londoniennes de la société : "Les acheteurs japonais, déclare t-il, américains et même suisses viendront volontiers à Londres, mais il n’est pas sûr qu’ils se déplacent à Berlin". D’ailleurs, si Sotheby’s réussit ses ventes à Munich – qui regroupent des œuvres de grande qualité attirant des acheteurs de la région –, elle a suspendu ses ventes à Berlin.