Le 15 mai à Paris chez Sotheby’s, la vente de la collection d’Art déco de Karl Lagerfeld a tenu ses promesses. Les plus belles pièces ont vu leurs estimations pulvérisées.
PARIS - Sotheby’s s’enorgueillait de disperser le 15 mai une partie de la collection de meubles, objets d’art, lampes et céramiques des années 1920-1930 provenant de la maison de Biarritz et des appartements de Monaco de Karl Lagerfeld, “un ensemble qui représente ce que j’appelle ‘les racines de la modernité’, un Art déco qui annonce son dépouillement”, selon les propres termes du couturier. Les résultats obtenus ont donné raison à l’auctioneer puisque 89,9 % des lots ont trouvé preneurs et qu’aucune pièce majeure n’a été ravalée. 99,1 % du chiffre de l’estimation a été atteint, soit près de 7 millions d’euros. Emportée par son enthousiasme, Sotheby’s n’hésite pas à parler de “triomphe”. Les dix plus belles enchères sont montées très au-dessus des estimations du catalogue.
En tête du classement, deux tables “diabolo” en chêne cérusé de Jean-Michel Frank, vendues séparément puis réunies après coup, se sont envolées au prix de 398 375 euros la paire contre une estimation haute de 60 000 euros chacune. Une paire de fauteuils club du créateur, estimée 30 000-50 000 euros, est même montée à 238 875 euros, troisième prix de la vacation juste derrière la table-console en chêne d’Eileen Gray reposant sur des pieds en bois laqué noir, vendue 326 875 euros, le double de son estimation supérieure. Le mobilier africano-cubiste de Marcel Coard a aussi détonné : une table de milieu en chêne cérusé a été emportée pour 222 375 euros, le double de son estimation haute, tandis qu’une autre table rectangulaire, estimée 20 000-30 000 euros, est partie à 128 875 euros. Les deux tables provenaient de l’ancienne collection de Paul Cocteau, frère de Jean. La belle coiffeuse de Pierre Legrain, en bois laqué noir et galuchat, ornée d’un grand miroir ovale, l’un des meubles les plus célèbres et répertoriés de l’artiste, a été adjugée 216 875 euros contre une estimation de 100 000-150 000 euros. Pour un portefeuille d’architecte en palissandre gainé de parchemin et de maroquin bleu du créateur, une pièce unique estimée 40 000-60 000 euros, les enchères se sont arrêtées à 70 875 euros, un chiffre qui paraît plus faible comparé au nombre de surprises enregistrées. Ainsi un canapé de forme moderniste en acajou et placage d’acajou de Francis Jourdain, estimé 8 000-12 000 euros, a-t-il été auréolé du prix de 161 875 euros. Des céramiques de Jean Besnard, qui ouvraient la vente, avaient donné le ton dès les premiers coups de marteau : une sculpture cubiste d’oiseau – un marabout – en grès émaillé, estimée 6 000-10 000 euros et adjugée 189 375 euros, ainsi qu’un grand vase de forme boule en grès émaillé, estimé 5 000-8 000 euros et vendu 178 375 euros, ont été applaudis par le public. Cette explosion de prix s’explique en partie par le fait que 80 % des lots de la vente ont été acquis par des Américains sensibles à la qualité des pièces réunies.
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Vente cousue de fil blanc
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°172 du 30 mai 2003, avec le titre suivant : Vente cousue de fil blanc