Phillips, de Pury & Luxembourg a depuis peu engagé une procédure de restructuration interne (lire le JdA no 170, 2 mai 2003). Le succès de la vente de la collection photographique Seagram et celui de la vente d’art contemporain de New York en mai sont venus conforter cette démarche, et ce malgré la suppression brutale de plusieurs départements, dont celui d’art impressionniste et moderne. La société souhaite désormais redorer son blason et cibler une clientèle plus jeune.
NEW YORK - Peu de temps avant les grandes ventes d’art contemporain du mois de mai, Phillips, de Pury & Luxembourg (PdP&L) a convié la presse dans ses nouveaux bureaux “internationaux” à New York, au cœur du quartier branché du “meat-packing district”, 250 West 15th Street, près de l’Hudson. La société fêtait le succès de la vente de la collection Seagram de photographies (lire le JdA no 172, 30 mai 2003), qui s’était tenue dans la salle de ventes tout juste inaugurée de l’ancien entrepôt. Le rez-de-chaussée du bâtiment accueille le centre opérationnel de la société, complété par des bureaux au cinquième étage. Un espace d’exposition ainsi qu’une salle de ventes pouvant accueillir un demi-millier de personnes se trouvent au troisième. Selon Simon de Pury, un an de loyer pour ces nouveaux locaux équivaut à un mois de loyer pour les anciens, certes chics, mais qui ne pouvaient contenir plus de 380 personnes. Une large baie vitrée donne sur une station de lavage de voitures, une vue que Simon de Pury revendique comme le nouveau profil qu’il souhaite donner à la société : “Il y a une transition générationnelle, explique-t-il. De nombreuses galeries se sont déjà installées ici, sans compter les restaurants à la mode. Les jeunes ne considèrent pas ce quartier comme le bout du monde.”
PdP&L a abandonné la course avec Sotheby’s et Christie’s. La société tente désormais de se repositionner en tant que spécialiste de l’art des XXe et XXIe siècles, la photographie et l’art contemporain devenant son domaine de prédilection, notamment grâce aux succès remportés par les ventes récentes, montrant l’intérêt que leur portent les jeunes acheteurs.
Personnel en partance
Les nombreux départs d’employés de la société se font pourtant sentir. Après le désastre des ventes d’art impressionniste et moderne de novembre 2002, PdP&L a coupé court à son activité dans cette spécialité, se séparant ainsi de Michel Strauss. David Bennett a pour sa part quitté le département de joaillerie. Un autre coup a été porté avec la démission de l’enfant-miracle Aurel Bacs, la star du département d’horlogerie et de montres, qui a rejoint Christie’s à Genève. Ce département a été fermé, tout comme celui d’art suisse.
La dernière personne en partance est James Zemaitis, dirigeant du département de design des XXe et XXIe siècles, qui, omniprésent dans toutes les revues américaines de design, s’est taillé une solide réputation. Le département a été délocalisé à Londres.
Tant que LVMH, l’ancien propriétaire de la maison de ventes, payait les garanties, ces spécialistes appréciaient les cocktails chics et les brassées d’orchidées illuminant le décor. Mais depuis que LVMH a quitté le navire, les experts ont hérité des tâches administratives – et ce, sans augmentation de salaire. Conséquence, ils se réjouissent manifestement moins de leur sort.
Certains sont pourtant restés fidèles à la société de ventes. Betty Krulik a réussi, malgré l’annulation de la vente de mai faute d’œuvres consignées, à détrôner Sotheby’s en 2002 dans le domaine de l’art américain. Philippe Garner, l’ancien directeur du département de photographie et design de Sotheby’s, est aussi toujours en place, tout comme Michael McGinnis, à la tête du département d’art contemporain, qui a obtenu de beaux résultats dans ce marché en pleine expansion.
Si, comme l’admet Simon de Pury, les ventes privées de la société représentent un plus grand chiffre d’affaires que les ventes publiques, il est légitime de s’interroger sur l’avenir d’une société qui continue à se défaire ainsi de ses meilleurs spécialistes.
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Vent de jeunisme
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°175 du 29 août 2003, avec le titre suivant : Vent de jeunisme