Dans la Grèce antique, les peintres exprimaient leur talent sur des vases en terre cuite. Au vie siècle av. J.-C., avec la figure rouge, la peinture gagne en raffinement.
Les vases athéniens à figures noires apparaissent à partir de 630 av. J.-C., succédant aux poteries à décors géométriques. Le dessin est traité en silhouette vernissée noire sur un fond d’argile cuit de couleur rouge, puis les détails anatomiques et vestimentaires sont réalisés au burin faisant apparaître un trait d’argile en sous-couche.
Á l’origine orientalisant, avec un défilé d’animaux réels ou fantastiques (sphinx, griffons, chevaux ailés, etc.), le répertoire décoratif évolue au fil du temps vers une variété de sujets tirés de la mythologie ou de la vie quotidienne.
Le pinceau remplace le stylet
D’abord un peu raide, le dessin s’assouplit. Vers 525 av. J.-C., la figure noire est à son apogée. Incapables de faire mieux que leurs aînés, de jeunes peintres soucieux d’originalité essaient de nouvelles techniques. Ce qui va donner naissance à la technique de la figure rouge sur fond noir, appelée à détrôner la figure noire.
Amphores, cratères, hydries et coupes sont vernis de noir et les personnages « en réserve » s’y détachent en rouge. Les détails du décor (muscles, draperies…) sont réalisés au pinceau qui remplace alors le stylet du graveur utilisé pour la technique de la figure noire. Les vases qui s’ornent de scènes de plus en plus raffinées gagnent en réalisme. Les sujets mythologiques voisinent avec les scènes de lutte armée, banquets, danses et olivades.
Excepté le cheval, les représentations animales deviennent rares. Les plus grands artistes sont capables de créer de vrais tableaux par un rendu de la perspective et du mouvement et par la traduction de l’expression des sentiments sur les visages. Tels les peintres Euphronios, Epictétos, Douris, Macron, Onésimos ou ceux dits de Cléophradès, de Berlin ou de Brygos. L’âge d’or de la figure rouge s’arrête à la fin du ve siècle av. J.-C.
Le goût des collectionneurs va davantage aux productions attiques classiques à figures rouges. Mais on compte nombre d’amateurs de vases à figures noires, appréciés pour la simplification du décor. La valeur d’un vase tient à la qualité de son dessin. Rares sont les pièces signées, mais plus de 5 000 peintres ou groupes d’artistes ont été répertoriés par l’archéologue John Beazley dans un ouvrage qui reste la bible dans ce domaine.
Galerie Tarantino, 38, rue Saint-Georges, Paris IXe, tél. 01 40 16 42 38.
Christophe Kunicki, expert auprès de plusieurs maisons de ventes, tél. 01 43 25 84 34, www.kunicki.eu
Galerie Rupert Wace, 14 Old Bond Street, Londres, tél. 44 (0)20 7495 1623, www.rupertwace.co.uk
Galerie Phoenix Ancient Art, 6, rue Verdaine, Genève, tél. 41 22 318 8011, www.phoenixancientart.com
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Vases grecs, en rouge ou noir...
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Pourquoi les vases grecs reviennent-ils à la mode ?
Peut-être le besoin de revenir à nos racines. Pour un collectionneur, l’art contemporain est devenu quasi inaccessible ! À partir de 10 000 euros, on peut s’acheter un beau vase grec. Et pour 100 000 euros, vous avez un chef-d’œuvre.
L’état de conservation d’un vase est-il important ?
Pas autant qu’on peut le penser. Si un vase a été brisé et recollé, cela a très peu d’incidence sur son prix, dans la mesure où il ne manque pas de morceau. Il aura une décote de 5 % à 10 % par rapport à une pièce de qualité égale en meilleur état. Si le modèle est courant, la moins-value peut atteindre 20 %.
Y a-t-il un risque d’acheter un faux ?
Les faux les plus redoutables sont ceux qui sont faits aujourd’hui en Italie. D’où l’engouement pour les provenances sûres. Mais les faussaires font des erreurs de composition, en réalisant des décors hybrides ou en mélangeant le style de différents peintres. Du côté de la technique, ils sont plus au point mais peuvent être démasqués par un test de thermoluminescence qui donne la date de la dernière cuisson.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°603 du 1 juin 2008, avec le titre suivant : Vases grecs, en rouge ou noir...