Artcurial propose une intéressante sélection de tableaux modernes et inédits parmi lesquels le chef-d’œuvre de Jacques-Émile Blanche.
PARIS - La vente de prestige d’art moderne du 23 octobre à l’hôtel Dassault chez Artcurial réserve des surprises. « Nombre d’œuvres se distinguent par leur grande qualité, leur rareté, et le prestige de leur provenance. Beaucoup n’ont jamais été mises sur le marché », annonce l’expert Violaine de La Brosse-Ferrand. Temps fort de la vacation, La Partie de tennis (1882) est sans doute le chef-d’œuvre de Jacques-Émile Blanche, à l’origine de la reconnaissance de l’artiste. Ce tableau est un hommage au Déjeuner sur l’herbe (1863) d’Édouard Manet. Il s’en rapproche par ses dimensions et sa composition circulaire : l’autoportrait de Manet avec sa faluche est superposable à la jeune femme au chapeau, allongée dans une position identique, et les joueurs de tennis sur fond de mer ont remplacé la baigneuse dans la rivière. Refusant de s’en séparer, Blanche conserva sa peinture pendant près de cinquante ans avant d’en faire don en 1929 au président de la Fédération française de Tennis, Pierre Gillou. Ce dernier la légua en 1945 au Racing Club de France où elle orna la salle à manger jusqu’en 2006. Sans référence de prix, l’estimation de cette toile exceptionnelle a été fixée entre 1,1 et 1,4 million d’euros. La mention « estimation sur demande » portée au catalogue laisse supposer une possible baisse de prix, car ce tableau a été vu dans un catalogue de vente de Drouot daté du 15 juin 2007 (SVV Beaussant-Lefèvre) avec une fourchette d’estimation de 600 000 euros à 1 million d’euros, avant qu’Artcurial ne reprenne l’affaire (avec la maison de ventes Daguerre). Une inflation peu opportune. « Les belles choses continuaient de bien se vendre au temps de la crise de 1990, rappelle Violaine de La Brosse-Ferrand. Elles étaient des valeurs sûres. » Les autres valeurs refuges qu’Artcurial propose aux collectionneurs sont un rare Bouquet de tulipes (1908) de Kees Van Dongen, estimé 600 000 euros ; une belle toile d’Albert Marquet, Jardin sur le bassin d’Arcachon (1935), à la lumière fabuleuse, conservée dans la famille depuis soixante-dix ans et estimée 180 000 euros ; Le Sommeil (v. 1877), rare toile d’Eva Gonzales, sur une estimation très confortable de 300 000 euros. Notons encore l’huile sur panneau L’Amateur d’estampes (est. 300 000 euros), par Honoré Daumier, provenant de l’ancienne collection du docteur Albert Charpentier et restée dans la famille jusqu’à ce jour, ainsi que Pour rompre l’équilibre (1937), tableau signé Yves Tanguy. Estimé 500 000 euros, il est issu de l’ancienne collection Paul Garson et n’est jamais sorti de la famille.
Une centaine d’œuvres (tableaux, dessins, sculptures et collages) de l’artiste dadaïste Hans Richter sont à vendre chez Artcurial. Cet ensemble provient de la succession Hans Richter, gérée par une société américaine œuvrant à la redécouverte du travail de l’artiste. C’est la deuxième vente organisée pour collecter des fonds en vue d’expositions muséales, la première ayant eu lieu le 27 septembre 2007 à Drouot chez Cornette de Saint Cyr. Artcurial a fait précéder sa vacation d’une exposition durant tout l’été à l’hôtel Dassault. Toutes les périodes de l’artiste sont représentées, de Arbeiter (Travailleurs), tableau expressionniste de 1913 (est. 45 000 euros) à Pro contra variation, relief des années 1970 (est. 18 000 euros), en passant par Dada Kopf, dessin dada de 1917 (est. 4 000 euros) . « La cote de Richter est en pleine évolution », note Bruno Jaubert, l’expert de la vente.
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Valeurs refuges
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Abonnez-vous dès 1 €HOMMAGE À HANS RICHTER, vente le 23 octobre, hôtel Dassault, 7, rond-point des Champs-Élysées, 75008 Paris, Artcurial, tél. 01 42 99 20 20 ; expositions publiques : du 18 au 22 octobre 10h-19h, www.artcurial.com
ART MODERNE I et II
- Expert : Violaine de La Brosse-Ferrand
- Est. 9 1,5 million(s) d’euros
- Nombre de lots : 227 91
HANS RICHTER
- Expert : Bruno Jaubert
- Estimation : 500 000 euros
- Nombre de lots : 104
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°289 du 17 octobre 2008, avec le titre suivant : Valeurs refuges