« L’arpenteur du Lacéré Anonyme, (...) de rapt en rapt sur la peau des murs... » C’est par ces quelques mots que le critique Pierre Restany, commençait son épigramme en l’honneur du « ravisseur d’affiches », Jacques Villeglé.
Alors qu’à la même époque Yves Klein, vêtu d’un smoking, ganté de blanc, orchestrait en public une action-spectacle faite de pinceaux vivants évoluant sur des toiles (en fait des femmes nues), Villeglé et Hains travaillaient pour leur part sur l’idée du Lacéré anonyme, c’est-à-dire que leurs œuvres n’étaient pas réalisées de leurs mains mais prenaient forme sous les lacérations des passants. « Avec Hains, nous tenions au début, vis-à-vis de l’acte de peindre ou de coller, nos distances » explique Villeglé dans Des Réalités Collectives en 1958. Car, contrairement à ce que l’on pourrait croire, il ne s’agissait pas de collages à la manière des cubistes, ni de ready-made, mais d’une manifestation spontanée. L’artiste partait en repérage de panneaux publicitaires, privilégiant ceux qui comptaient de nombreuses affiches superposées, aux motifs entremêlés ; il décollait alors l’ensemble des couches stratifiées avant de les maroufler sur toile. Il lui arrivait parfois de ne pas résister à l’envie d’accentuer un peu des déchirures jugées trop timides, arrivant aux rapprochements les plus saugrenus de fragments d’objets ou de mots. « Cette aventure est une promenade proustienne au pays des rencontres heureuses, des hasards efficients, des rapprochements lumineux qui excitent la mémoire » soulignait Restany. C’est cette année le cinquantenaire des premières affiches élaborées par Villeglé en 1949, événement qu’a tenu à célébrer la galerie Vallois en une exposition d’une trentaine d’œuvres s’échelonnant entre 1949 et 1996.
Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, jusqu’au 15 avril, cat. texte de Catherine Millet, 40 p., 30 ill., bilingue français/anglais, 100 F.
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V comme Villeglé
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°504 du 1 mars 1999, avec le titre suivant : V comme Villeglé