La vente par la Fondation Hans Hartung et Anna-Eva Bergmann d’une partie de la collection du peintre a suscité des critiques. Conduites par Christie’s à Londres, le 30 juin, ces enchères aux résultats exceptionnels marquent en effet la dispersion d’un des plus beaux ensembles du sculpteur Julio Gonzales.
PARIS - “Hartung n’était pas un collectionneur, il avait l’obsession de ses propres œuvres”, se défend François Hers, directeur de la Fondation Hans Hartung et Anna-Eva Bergman qui vient de se séparer d’une cinquantaine de pièces de Julio Gonzales, mais aussi de trois Soulages et d’une gouache de Picasso. Leur vente a rapporté plus de 9 millions de livres sterling (90 millions de francs), et Tête de femme II (1931), a été adjugée 2 036 500 livres, un record pour une œuvre de Gonzales. Propriété du peintre à sa mort, cet ensemble unique avait été recueilli par la Fondation, créée selon les dispositions testamentaire de Hartung. Marié pendant une dizaine d’années à la fille de Gonzales, Roberta, il avait entretenu une longue amitié avec le sculpteur depuis la fin des années trente.
Les fonds dégagés sont certes importants, mais la Fondation ne manque-t-elle pas à ses devoirs en se séparant de ce témoignage ? Privilégier les œuvres de Hartung et d’Anna-Eva Bergman – la seconde épouse du peintre – semble être l’option choisie par la Fondation. Légataire des œuvres laissées par le couple, mais sans lieu d’exposition, elle accueille des chercheurs, finance des travaux sur les deux artistes et organise les prêts, n’hésitant pas à vendre certaines pièces. “Il faut choisir entre un placard à tableaux et un outil de valorisation. La propriété n’est pas une fin en soi”, explique François Hers. La sauvegarde des œuvres de Gonzales aurait toutefois mérité plus d’attention. Des contacts ont eu lieu avec le ministère de la Culture mais sont restés sans suite, la France possédant déjà un important ensemble du sculpteur espagnol. Décidée en 1995 et confirmée en 1997, la vente s’est faite avec l’accord du ministère, d’autant que celui-ci dispose d’un représentant au conseil d’administration de la Fondation, où la décision a été votée.
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Une réussite discutable
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°87 du 27 août 1999, avec le titre suivant : Une réussite discutable