Une passion pour le XIXe

Des dessins et des tableaux issus d’une collection privée

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 5 février 1999 - 502 mots

Historienne de l’art décédée l’an passé, Marie-Madeleine Aubrun a étudié et collectionné des petits maîtres de la première moitié du XIXe siècle qu’elle a contribués à faire mieux connaître. Un ensemble de dessins et quelques tableaux issus de sa collection seront dispersés, les 8 et 9 février, par l’étude Rieunier-Bailly-Pommery, assistée de l’expert Patrick de Bayser.

PARIS - Marie-Madeleine Aubrun, auteur de monographies sur Henri Lehmann, Achille et François-Léon Bénouville, était aussi une collectionneuse de dessins, des paysages surtout. “Cet ensemble est exceptionnel car il présente un panorama des artistes des années 1800-1860, explique Patrick de Bayser. Elle a fait œuvre pionnière en réunissant au sein de sa collection des artistes peu connus de la première moitié du XIXe  siècle”. La vente comprend une centaine de paysages, mais aussi des portraits vendus à des prix allant de 1 500 à 20 000 francs pour la plupart.

L’œuvre la plus importante est un beau fusain sur papier chamois de Gustave Courbet, Les chasseurs en forêt de Fontainebleau, datant de 1865 (60 000 francs). “Courbet a réalisé très peu de dessins. D’où l’intérêt de cette pièce signée et répertoriée”, précise Bruno de Bayser, père de Patrick. Parmi les feuilles et peintures les plus intéressantes figurent des œuvres du paysagiste Achille Bénouville (1815-1891), qui a peint des vues des environs de Paris d’après nature, avant de poursuivre la tradition du paysage historique qu’illustrent une huile et crayon noir sur papier marouflé, Les environs de Capri (4 à 6 000 francs), une aquarelle gouachée sur esquisse au crayon, Vue du Colisée à Rome (15 à 20 000 francs), ou  un dessin à la plume et encre brune rehaussé de gouache blanche, Vue prise près des gorges de Châtillon (5 000 francs). Des œuvres de son frère François-Léon (1821-1859), peintre d’histoire et de thèmes religieux, seront également proposées, telle cette Étude pour l’Été, l’Enfant moissonneur reproduite dans le catalogue raisonné de l’artiste (2 000 francs).

Lehman et Cogniet
Au programme encore, des œuvres d’Henri Lehmann (1814-1882), dessinateur énergique et sobre, l’un des plus vigoureux élèves d’Ingres, qui a exécuté des scènes religieuses comme cette aquarelle, Le mariage de Tobie et Sarah (15 000 francs), un dessin préparatoire pour la composition exposée au Salon de 1837, des portraits – une Tête de vieil homme représentant le prophète Élie (8 000 francs) – et des paysages – Vue de Tivoli et du Temple de Vesta (15 000 francs). À noter aussi quelques dessins de Léon Cogniet (1794-1817), élève de Guérin converti au Romantisme : un lavis brun à la plume et encre brune sur trait de crayon noir, Numa Pompilius (5 000 francs), agrémenté d’un quatrain : “Cette eau coule encore ; mais les rois que séduit une autre déesse ne viennent plus chercher les lois où Numa puisait la sagesse”, ou cette Jeune bergère italienne faisant la sieste (6 000 francs).
 
Beaucoup d’autres feuilles seront dispersées, avec des signatures d’Antoine-Laurent Castella (1772-1838), Constant Bourgeois (1767-1841), Louis Cabat (1812-1893), René Garrez (1802-1852) ou encore Théodore Turpin de Crisse (1781-1859).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°76 du 5 février 1999, avec le titre suivant : Une passion pour le XIXe

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