Nadine Gandy a ouvert sa galerie à Prague en 1992. Après Ben, Patrick Raynaud, Brian Wood, Jochen Gerz, elle montre des œuvres de Daniel Buren, qui expose pour la première fois en République tchèque.
PRAGUE - Connaissant Prague depuis 1985, Nadine Gandy y a vu des possibilités qu’elle n’aurait jamais pu trouver à Paris, où tant de marchands déjà bien implantés ont du mal à vivre. Dans l’ancien bloc communiste, et à Prague en particulier, l’art contemporain occidental n’a pas encore percé. Tout restait donc à faire.
Les artistes eux-mêmes l’ont compris. En répondant à l’invitation de Nadine Gandy, ils voient là un moyen d’étendre leur champ d’action. Après avoir dû renoncer au "centre-ville", trop cher, la galeriste s’est installée dans une aile du Musée Roztoky, en périphérie de la ville.
Pour attirer une clientèle la plus large possible, de Tchèques mais aussi d’étrangers, Nadine Gandy s’est fixée un double objectif. Les artistes doivent réaliser des œuvres spécifiques pour la galerie, ainsi qu’une édition à tirage limité à 50 exemplaires. Daniel Buren a, comme ses prédécesseurs, accepté de se plier à "cette règle du multiple", avec une série de posters "rayés dans la tradition Buren", de couleurs différentes et déchirés sur une petite largeur, l’ensemble comprimé entre deux plaques de verres. "Je tiens beaucoup à cette ligne de conduite, explique Nadine Gandy. Une œuvre unique de Buren vaut à partir de 100 000 F. Je ne pouvais me contenter de favoriser uniquement les gros acheteurs. Le multiple permet aux petites bourses, tchèques essentiellement, d’avoir accès à notre culture à des prix très modestes, entre 700 et 2 500 F."
La soif de découverte et d’ouverture des Tchèques, longtemps réprimée, et l’afflux de touristes suffisent-ils cependant à rentabiliser l’affaire ? Deux ans d’existence ne permettent pas encore de dresser un bilan. Nadine Gandy affirme être "une galeriste comme n’importe quelle galeriste" avec des expositions plus ou moins bien perçues – Ben et Patrick Raynaud ont, par exemple, reçu un très bon accueil –, des frais auxquels il faut faire face mais qu’elle comprime au maximum. Cette opération audacieuse est très soutenue par l’Institut français de Prague. Sans investir financièrement dans la galerie, il aide à la réalisation des projets en hébergeant les artistes qui viennent travailler sur place, parfois durant plusieurs semaines.
Gandy Gallery : exposition "Daniel Buren", jusqu’au 4 décembre, Stredoceske Muzeum, 25263 Roztoky U Prahy, Prague. Tél : (422) 39 61 88, Fax : (422) 39 64 11. À Paris : 45 03 17 02.
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Une Française à Prague
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°8 du 1 novembre 1994, avec le titre suivant : Une Française à Prague