LYON - Petit deviendra grand. C’est le sentiment que donnait la deuxième édition de Docks Art Fair, qui s’est greffée à la Biennale d’art contemporain de Lyon.
Si voilà deux ans la foire semblait tomber comme un cheveu sur la soupe, elle est désormais inscrite dans le paysage. L’exigence prenait d’emblée ses quartiers sur le stand de Marion Meyer (Paris) avec le travail de Michel Aubry, lié aussi bien à la musique sarde qu’à l’histoire de l’art avec les costumes Bauhaus de Rodtchenko ou Moholy-Nagy. Des grésillements mélancoliques de Dominique Blais chez Xippas (Paris) aux facéties sérieuses du trop sous-estimé Olivier Nottellet chez Martine et Thibault de la Châtre (Paris), en passant par l’assomption des âmes de Laurent Pernot chez Odile Ouizeman (Paris), il y avait matière à nourrir les yeux et l’intellect. La vidéo tout en tension d’Adam Vackar présentée par Nadine Gandy (Bratislava) ne pouvait pas non plus laisser le visiteur indifférent. En marge d’une Biennale où idées et bons sentiments priment parfois sur la forme, il n’était pas désagréable de voir des œuvres charpentées. La qualité globale de la première allée était malheureusement contredite par la succession de mauvaises peintures présentées dans le couloir suivant. Seules échappaient à la trappe la sculpture magnétique de Vincent Lamouroux chez Georges-Philippe & Nathalie Vallois (Paris) et les œuvres de Mihael Milunovic chez Georges Verney-Carron (Lyon). Alors que la contiguïté avec la Biennale laissait présager une fréquentation de curateurs internationaux, la plupart des exposants ont regretté le faible visitorat étranger. Une donne qui n’a pas empêché la galerie Dukan & Hourdequin (Marseille) de céder immédiatement à un couple de collectionneurs venu de l’État de Virginie l’ensemble des trois grands dessins de Nina Fowler, version graphique de Sunset Boulevard où les vieilles stars hollywoodiennes défilent dans des postures outrées. « Ça a démarré plus vite cette année, estimait le galeriste lyonnais Olivier Houg, co-organisateur de l’événement. Depuis deux ans, la communication est meilleure et l’arrivée de grosses galeries a créé un buzz supérieur. » D’après Olivier Robert (Paris), « les institutionnels ont un regard plus respectueux sur la foire. » Celui-ci a d’ailleurs tiré son épingle du jeu en vendant la quasi-totalité des pièces de Julien Beneyton. Idem pour Laurent Godin (Paris), lequel a cédé dès le premier jour une dizaine de dessins de David Kramer. « Nous avons enrichi notre réseau de collectionneurs grenoblois, lyonnais, marseillais, qui dépensent volontiers cinq à dix mille euros », déclarait pour sa part François Quintin, directeur de la galerie Xippas. La Ville de Lyon a mis la main au portefeuille en achetant quatre pièces, dont une photo de Laurent Pernot, tandis que l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne a commandé une œuvre spécifique à Olivier Nottellet. Tous les marchands ne furent toutefois pas chanceux. « C’était nul en termes de business, mais intéressant en termes de contacts », confiait Jean-François Dumont, nouveau directeur de la galerie Marion Meyer. Étalé sur une semaine, le salon n’est-il finalement pas trop long ? « Bâle dure aussi longtemps ! », riposte Patricia Houg. Certes, mais Bâle c’est Bâle et rien ne peut y être comparé ! Trop jeune pour devenir annuelle, ce d’autant plus que la scène lyonnaise ne draine pas encore des hordes de visiteurs en dehors des périodes de Biennale, Docks Art Fair pourrait toutefois exporter son concept. Les organisateurs travaillent à l’implantation d’une bouture en Europe centrale, le long du Danube, dans un « pays où il n’y a pas encore de foires ». La nature a décidément horreur du vide.
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Une foire qui prend ses marques
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°310 du 2 octobre 2009, avec le titre suivant : Une foire qui prend ses marques