Les enseignes contemporaines désertent le salon.
LONDRES - Si en deux éditions Frieze Art Fair s’est imposée comme une redoutable écharde dans le pied de la Foire internationale d’art contemporain (FIAC), Photo London n’est pas prête à inquiéter Paris Photo. « C’est une foire justifiée à Londres où se trouvent beaucoup de photographes, note Valérie Fougeirol, directrice de Paris Photo. Mais elle est plus petite que Paris Photo, très anglaise, avec 80 % d’enseignes locales alors que Paris Photo a 70 % d’exposants étrangers dont une forte représentation américaine (1). Quand je vois la liste, je ne vois pas ce que je pourrais leur voler. » Publiée sur le tard, la liste de Photo London ne donne en effet pas le tournis.
Les poids lourds londoniens de la première cuvée comme Gagosian, White Cube, Hauser & Wirth, Lisson, Sprüth Magers Lee ou Alison Jacques ont déclaré forfait. Bien qu’inscrite l’an dernier, la galerie Gagosian nous a même prétendu n’y avoir jamais participé ! Pourquoi donc un tel retrait commando ? « La foire n’était pas l’endroit pour des photos chères, telles qu’on les montre habituellement. Nous préférons que la foire prenne de l’ampleur avant d’y retourner », commente-t-on chez Sprüth Magers Lee. Les galeries d’art contemporain se sentent d’ailleurs mieux dans leurs guêtres dans les foires d’art contemporain. « Il y a une différence entre le monde de la photo et celui de l’art contemporain, observe Jill Silverman, codirectrice de la Lisson Gallery. Le public était là l’an dernier pour de la “photo-photo”. Les collectionneurs d’art contemporain ne sont pas venus, pensant qu’il s’agissait juste d’une exposition de photos. Peut-on créer un pont entre les deux audiences ? C’est une question presque philosophique. » Une question que Paris Photo s’était aussi posée avec les défections successives de galeries telles Chantal Crousel, Thaddaeus Ropac ou Marian Goodman (Paris). Elle a fait de mauvaise fortune bon cœur, en renonçant aux Gursky et Cindy Sherman à plusieurs centaines de milliers de dollars, préférant offrir des images moins rebattues. Photo London suit la même voie en recrutant plutôt de jeunes structures londoniennes d’art contemporain comme MW Projects, Scout ou Museum 52, où les prix restent abordables. « Les collectionneurs qui auraient les moyens d’acheter existent à Londres. Il s’agit de les convertir », insiste toutefois le fondateur du salon, Daniel Newburg.
Pour le moment, les marchands parisiens ne sont que timidement convertis. Serge Plantureux, qui avait ouvert le chemin l’an dernier, est rejoint cette année par Marion Meyer et Hypnos. « Le marché pour l’historique est jeune à Londres. C’est l’occasion de présenter des choses différentes pour une clientèle qui n’est pas à l’identique de Paris Photo, même si ça se joue sur un petit nombre d’amateurs », observe Arnaud Delas, directeur de la galerie Hypnos.
Malgré le capital sympathie que le salon s’est forgé auprès des visiteurs avec son flamboyant vernissage pour sa première édition, Photo London souffre d’un handicap majeur : celui de ne pouvoir se déployer davantage, les espaces des Burlington Gardens ne permettant pas de grossir le nombre d’exposants. « On essaye de convaincre la Royal Academy of Arts (2) de nous donner plus d’espace, indique Daniel Newburg. Avec quelques mètres carrés supplémentaires, il y aurait matière à avoir dix autres stands, ce qui permettrait déjà de faire la différence. Nous avons une liste d’attente de quinze galeries que nous ne pouvons accueillir faute de place. » Reste à voir quelles seraient les dites galeries.
(1) 19 galeries américaines prévues en 2005 contre 17 l’an dernier.
(2) Propriétaire des espaces.
19-22 mai, Burlington Gardens, Londres, tél. 44 207 839 93 00, www.photo-london.com, les 19 mai et 21 mai 11h-19h, le 20 mai 11h-21h, le 22 mai 11h-18h.
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Une foire photo-photo
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°215 du 13 mai 2005, avec le titre suivant : Une foire photo-photo