Foire & Salon

Paris

Une Fiac homogène

La foire confirme sa solidité croissante, tout en offrant un visage globalement cohérent

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 31 octobre 2011 - 596 mots

PARIS - La greffe a pris ! L’un des enjeux de la 38e édition de la Foire internationale d’art contemporain (Fiac) était la gestion du transfert de la section autrefois abritée dans la Cour carrée du Louvre dans trois galeries supérieures du Grand Palais.

Le résultat y fut plus que satisfaisant, et pas seulement en raison d’un aspect pratique qui résolvait l’écartèlement entre deux sites. Les marchands ne s’y sont pas trompés, à l’instar de Cécilia Becanovic, de la galerie Marcelle Alix (Paris), qui jugeait « l’espace agréable, tout comme l’ambiance et l’organisation ». C’est là que se sont déployées les dix enseignes du secteur Lafayette, dont le vainqueur fut cette année Johann König (Berlin) avec une proposition d’Helen Marten. L’ensemble a montré une belle énergie et des présentations globalement intéressantes, en tout état de cause d’un niveau général nettement meilleur qu’à la Cour carrée les années précédentes, où les propositions faiblardes étaient en surnombre. On pouvait dénicher là une belle installation de Jorge Satorre chez Labor (Mexico), fondée sur des archives de navires construits à Saint-Nazaire, ou une exposition vidéo personnelle de l’activiste féministe californienne Barbara Hammer chez KOW Berlin (Berlin). Nouvel entrant, Eleven Rivington (New York) interpellait avec de grands panneaux de bois peints et incisés de Michael DeLucia.

Au rez-de-chaussée, sans crouler sous les chefs-d’œuvre, la foire avait belle allure, avec des accrochages soignés et une qualité très homogène. Parmi les très beaux stands, on relevait celui de Paula Cooper (New York), magnifique de retenue minimale avec notamment une installation pyramidale de Carl Andre et une remarquable suite de monochromes de Sherrie Levine inspirée par Seurat. Mais aussi celui de Praz-Delavallade (Paris) habillé par les toiles rayées de Philippe Decrauzat, ou encore celui du Minotaure (Paris) qui a joué une « Carte blanche et noire » confiée à Bernard Marcadé. Glanant ici et là les œuvres remarquables, on pouvait débusquer un formidable tableau de Carla Accardi exécuté en 1975 sur des feuilles de plastique transparent chez Tornabuoni Art (Paris, Florence, Milan). Applicat-Prazan (Paris) présentait un beau Héraclite (1941) d’André Masson.

Grosse tache dans le concert ambiant, le stand de Gmurzynska (Zurich, Zug, Saint-Moritz) designé par Karl Lagerfeld faisait montre d’un clinquant glacial et ridicule, catastrophique pour les œuvres exposées. Surchargé à souhait, l’espace de The Pace Gallery (New York, Londres, Pékin), avec d’énormes bouddhas de Zhang Huan, ne laissera pas non plus un souvenir impérissable de sa première participation. Quelques enseignes ont, quant à elles, tenté l’aventure du solo show, souvent avec bonheur, ainsi pour Elvira González (Madrid) avec Robert Mangold, Zlotowski (Paris) avec Simon Hantaï, et Mehdi Chouakri (Berlin) avec Mathieu Mercier.

Les collectionneurs ont été au rendez-vous, et le volume des affaires fut à la hauteur, même si quelques marchands faisaient grise mine. L’internationalisation de la clientèle constitue un bon marqueur de l’intérêt croissant porté à la foire. Dès le jour du vernissage, Peter Kilchmann (Zurich) confiait avoir cédé des pièces de Fabian Marti, ou Valérie Favre à des acheteurs venus de New York, Séoul, Mexico… et Paris ! Il relevait aussi que « l’attraction de la Fiac se conforte car la hype de Frieze s’est estompée ». Catherine Bastide (Bruxelles), qui disait avoir cédé presque tout son stand dès la première heure d’ouverture, relevait la qualité de ses interlocuteurs qui « ne cherchaient pas des noms, mais ont regardé attentivement des artistes qu’ils ne connaissaient pas ». Chez White Cube, Denis Gardarin assurait que « la foire est meilleure que Frieze tant en termes de qualité que de ventes ». Venant d’un poids lourd londonien, le commentaire n’a rien d’anodin.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°356 du 4 novembre 2011, avec le titre suivant : Une Fiac homogène

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