Archéologie : La galerie Chenel expose 35 œuvres sous le dénominateur commun du terme « Fusion ».
PARIS - Entendue au sens large, la fusion englobe tant la fonte d’un matériau que l’amalgame de divers éléments, leur absorption ou même l’anthropomorphisme. « Ce peut être le fusionnement d’époques, de cultures, de matières, le mélange de parties restaurées et celles d’origine, l’association de thèmes, tel l’homme se transformant en animal », explique Gladys Chenel, codirectrice de la galerie.
La scénographie, résolument moderne, présente les œuvres sur un fond noir, agrémentées de schémas reproduits au mur comme dessinés à la craie blanche, en harmonie avec le catalogue spécialement édité pour l’occasion. Celui-ci reprend, à la manière d’une revue scientifique du XIXe siècle, dessins et notes manuscrites. « Le domaine scientifique nous a inspirés, ainsi que les livres d’archéologie romaine de référence comme le “Reinach” qui comporte d’innombrable croquis ».
Il aura fallu plus de neuf mois aux galeristes pour réunir cet ensemble amusant, dont les prix vont de 2000 à 500 000 euros environ. Parmi les œuvres exposées, un monopodium (autour de 300 000 euros) représente une patte et un protome de lion, travail romain, IIe siècle apr. J.-C. L’association d’une unique patte de félin surmontée d’une tête de lion affublée de cornes de bélier évoque le fusionnement de plusieurs éléments sans rapport entre eux. L’œuvre bénéficie d’une prestigieuse provenance puisqu’elle a été acquise par James Christie’s, le fondateur de la célèbre maison du même nom. La question de la provenance est devenue essentielle dans le marché de l’archéologie, encore en croissance. Sans provenance, une pièce ne se vend plus. « Les clients raffolent d’objets de provenance importante, surtout s’ils ont été publiés de nombreuses fois. Un objet sans provenance ne nous intéresse pas », explique Gladys Chenel. « Les maisons de ventes ont enfin compris qu’un minimum de recherches permet de vendre l’objet plus cher », renchérit Ollivier Chenel.
Fusion chimique
Il y a différentes manières d’aborder le thème. Ce peut être par la matière, à l’exemple du dieu Bès (IIe siècle av. J.-C.) réalisé en nenfro, une roche d’origine volcanique, ou bien par l’intégration d’une restauration au sein d’une œuvre d’origine, tel le Jupiter d’Otricoli exposé face à l’entrée, dont la restauration est probablement due au sculpteur Bartolomeo Cavaceppi (1717-1799), selon Ollivier Chenel. En toile de fond, une photographie de 1948 projetée sur le mur montre le photographe Angus McBean faisant fusionner le buste avec son propre visage.
L’exposition évoque aussi la fusion au sens chimique du terme, avec « Trésor », un collier en argent entrelacé d’un jonc et de boucles d’oreilles en or (travail héllénistique, IIe siècle), trois éléments agglutinés probablement sous l’effet d’un incendie. Des doubles lectures, des fusions mi-homme, mi-dieu, tel le satyre ou la gorgone, complètent enfin cette présentation.
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Une exposition qui unit
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Abonnez-vous dès 1 €Fusion, jusqu’au 19 juillet, Galerie Chenel, 3, quai Voltaire, 75007 Paris, tél. 01 42 97 44 09, www.galeriechenel.com, du lundi au vendredi, 10h-13h, 14h-19h, samedi 14h-19h.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°415 du 6 juin 2014, avec le titre suivant : Une exposition qui unit