La Biennale internationale des antiquaires et la foire de Maastricht ont en commun d’offrir des objets d’une exceptionnelle qualité. Mais la première se distingue par un effort particulier de mise en scène, comme l’a montré de façon éclatante sa XIXe édition, du 18 septembre au 4 octobre. Tous les participants, même les nouveaux venus, ont misé sur un décor, classique, imaginatif, voire exotique, qui a contribué à convaincre des acheteurs. Résultats : une fréquentation élevée, des amateurs de qualité et, aux dires de la majorité des exposants, un volume d’affaires satisfaisant.
PARIS - L’espace d’une soirée, lors du vernissage de la Biennale internationale des antiquaires, le jeudi 17 septembre, le Carrousel du Louvre s’est transformé en véritable Babel des bords de Seine. Des propos échangés dans les allées en anglais, allemand, italien, espagnol ou portugais, jaillissaient de temps à autre quelques bribes de phrases prononcées en français. Nombre de visiteurs étrangers avaient inscrit de longue date ce rendez-vous sur leur agenda afin de ne pas manquer une manifestation réunissant autant de pièces exceptionnelles, comme les Bruegel le Jeune exposés chez de Jonckheere, le Van Dongen fauve et le Balthus accrochés respectivement chez Manuel Schmit et Waring Hopkins, ou encore un clavecin XVIIe à double clavier trônant sur le stand des Pelham Galleries.
“De nombreux visiteurs sont venus d’Amérique latine mais également des États-Unis. Beaucoup d’Italiens, des Japonais, mais aussi des clients du golfe Persique ont fait le déplacement, déclarait le 1er octobre le président du Syndicat national des antiquaires, Claude Blaizot. Nous devrions atteindre sans difficulté les 90 000 visiteurs enregistrés il y a deux ans”.
La fréquentation, très élevée la première semaine, a un peu décru par la suite pour reprendre de plus belle dans les tout derniers jours. Les clients américains, perturbés par les incertitudes boursières, semblent cependant avoir été moins nombreux cette année. “Beaucoup de grands collectionneurs américains, souvent d’origine juive, ont sans doute renoncé à venir afin d’être présents chez eux pour Yom Kippour”, souligne de son côté Patrick Perrin.
Si les grands antiquaires proposant du mobilier XVIIIe, tels Didier Aaron, Jacques Perrin ou Jean Gismondi, étaient les mieux représentés, l’arrivée de quelques nouveaux exposants – Olivier Watelet, avec des pièces des années quarante et cinquante, ou Philippe Heim, spécialisé dans les peintures de voyage des années 1850 à 1940, qui avait transformé son stand en paillote – est venue bousculer le sage ordonnancement d’espaces d’exposition où dominaient les dorures et les boiseries. Une certitude : l’originalité et la qualité de la décoration des stands se sont en général traduits par un volume d’affaires accru.
Des résultats inégaux
Du côté des ventes, les résultats semblent avoir été contrastés. Certains antiquaires comme Camille Burgi, qui a vendu notamment une commode en laque camomille estampillée Rubestuck, se félicitaient du haut niveau d’affaires. Pour Virginie Duban, de la galerie Burgi, “c’est une excellente année. Nous avons vendu des meubles, mais également des tableaux”. Patrick Perrin semblait particulièrement optimiste : “Tout s’est extrêmement bien passé. Nous avons vendu plus qu’il y a deux ans. Le chiffre d’affaires réalisé est sans commune mesure avec celui que l’on peut faire à Maastricht. Le rapport est de 1 à 4”. La galerie Vallois, qui exposait un ensemble de meubles de Émile Jacques Ruhlmann, affichait la même satisfaction : “Nous avons vendu la totalité de notre stand en deux jours, mais aussi la moitié du contenu de notre galerie. Cinquante pour cent de nos clients étaient français, les autres américains”. Georges de Jonckheere avait lui aussi le sourire : “Nous avons mieux travaillé qu’en 1996 et vendu notamment un tableau de Bruegel le Jeune. Six affaires sont actuellement en cours, signalait-il quelques jours avant la fin de la Biennale. Nous avons eu des clients belges, espagnols, américains, italiens et suisses, mais très peu de français. Beaucoup d’œuvres vont quitter l’Hexagone”. Quant à Yves Mikaeloff, il se félicitait de la qualité de la clientèle : “La Biennale est une merveilleuse occasion pour établir de fructueux contacts professionnels. Nous avons entre autres eu la visite du conservateur du Getty Museum”.
D’autres antiquaires, dont Maurice Segoura, ne cachaient pas leur déception. “Nous subissons le contrecoup de la crise financière. Peu de clients sont passés à l’acte”, déplorait-il. Déception partagée par Bernard Blondeel : “Nous avons vendu quelques petits objets, mais rien de majeur. Une pièce importante, une tapisserie du XVIe siècle appartenant à la série l’Histoire de David et Bethsabée, a néanmoins été réservée par un grand musée”.
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Une Biennale bon teint
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°68 du 9 octobre 1998, avec le titre suivant : Une Biennale bon teint