Tout au long de la campagne présidentielle de Barack Obama, artistes et marchands avaient affiché leur soutien au candidat démocrate. Sous le label « Artists for Obama », certains créateurs lui avaient même fait don d’affiches éditées en série limitée.
Ce fut le cas de Robert Indiana, qui a décliné son Hope en 150 exemplaires vendus pour 2 500 dollars (1930 euros), ou de l’artiste graffiti Shepard Fairey, alias « Obey », dont les deux posters furent rapidement sold out [épuisés] (lire ci-contre). De son côté, la galerie Bose Pacia a organisé en octobre à New York une soirée de levée de fonds pour le candidat métis, tandis que sa consœur parisienne Dorothy Polley a demandé à une trentaine d’artistes et caricaturistes de créer des œuvres autour du prétendant à la Maison Blanche. La communauté artistique, qui a cristallisé en lui tous ses espoirs, a poussé un grand soupir de soulagement lors de son élection le 4 novembre. Mais n’allons pas plus vite que la musique !
Pas d’effet Obama chez Christie’s
Le nouveau président des États-Unis, qui prendra ses fonctions le 20 janvier 2009, l’a lui-même annoncé dans son discours de Chicago : une période difficile attend les Américains. S’il a promis un plan de soutien à l’économie d’un montant de 175 milliards de dollars, la plupart des analystes estiment qu’une intervention de 300 à 500 milliards de dollars serait nécessaire pour relancer la machine. Bref, l’Amérique ne redeviendra pas du jour au lendemain cette hyperpuissance vantée par l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine. Au lendemain du scrutin, la Bourse de Wall Street a même clôturé sur une baisse de 5 %. Du coup, pas de trace d’un quelconque effet Obama chez Christie’s le 5 novembre. La vente impressionniste et moderne qui alignait deux successions a fait chou blanc, avec 70 % des lots vendus en nombre, et seulement 50 % en valeur (lire p. 27). Il fallait plus qu’un sursaut d’optimisme pour céder des œuvres pour la plupart surestimées. Tant que les maisons de ventes ne réviseront pas leurs estimations à la baisse, des taux d’invendus de 30 % à 40 % seront monnaie courante. Si le changement de présidence promet une nouvelle ère, la crise ouvre aussi un nouveau chapitre dans le marché de l’art : celui de la maturité et du bon sens. Plus personne ne se laisse avoir par le côté poudre aux yeux du marketing, à coup de notices abusivement déroulées sur des dizaines de pages… Stigmatisant le packaging de la vente de Christie’s, le marchand James Roundell confiait au quotidien The New York Times : « C’était comme un mouton qu’on aurait habillé en agneau. » Reste à voir si le marchand, prompt à critiquer cette dispersion, réussira à vendre l’Enfant à l’orange de Van Gogh, petite croûte sans esprit dont il exigeait 30 millions de dollars lors de la dernière édition de la foire de Maastricht… Quoi qu’il en soit, la récession a décillé les acteurs du marché. Le rééquilibrage se fera-t-il sans trop de casse ? Pas sûr, du moins du côté des auctioneers qui se sont répandus en garanties déraisonnables pour les ventes de novembre. Sotheby’s avait déjà perdu 15 millions de dollars dans les garanties à la suite de sa déconfiture à Londres et Hongkong. La note des pertes de novembre promet d’être salée.
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Un vent d’espoir
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°291 du 14 novembre 2008, avec le titre suivant : Un vent d’espoir