Cinq artistes allemands se partageront l’affiche des galeries parisiennes en mars.
Double exposition pour le plus âgé d’entre eux, Gerhard Merz, qui présentera deux installations dans le courant du mois, l’une, rue Vieille du temple chez Renos Xippas, l’autre, à deux pas de là, chez Samia Saouma. Assez mal connu en France (le Consortium de Dijon en 1987 et la galerie Laage-Salomon en 1992 ont été les seuls à lui consacrer des expositions personnelles jusqu’à présent), il jouit pourtant d’une solide réputation internationale. A la croisée des chemins de l’architecture et de la sculpture, son œuvre, volontiers monumentale, ne peut laisser indifférent.
Norbert Prangenberg montre à la galerie Karsten Greve, rue Debelleyme, depuis le mois de février et jusqu’au 9 avril, d’étranges objets qu’il a réalisés à la Manufacture de Sèvres l’an passé. Ces simples socles de porcelaine sont surmontés de bourrelets en forme de spirales. Certains vases sont bruts, en biscuit, d’autres sont polychromes. La maladresse voulue des formes tente, selon l’artiste, d’évoquer une «nature bucolique».
Dans un genre tout à fait différent, on pourra découvrir chez Ghislaine Hussenot (rue des Haudriettes) les sculptures récentes de Harald Klingelhöller (du 26 février au 2 avril) et celles de Thomas Schütte chez Philip Nelson (rue Quimcampoix, du 11 mars au 16 avril). Ces deux artistes de Düsseldorf, qui ont souvent exposé ensemble depuis le début des année 80, partagent un certain nombre de références, même si leurs œuvres sont en fait très différentes. Thomas Schütte n’aime rien tant que multiplier les genres et les styles avec une générosité déconcertante. Les petits personnages qu’il a créés ces derniers temps sont à la fois irrésistiblement sinistres et terriblement comiques.
Homogène depuis ses débuts, le travail de Klingelhöller tisse des relations étroites avec le langage et l’espace environnant. Aucun formalisme dans cette démarche, bien au contraire : la sculpture retrouve avec Klingelhöller toute sa puissance d’évocation. Ses derniers travaux associent le carton, la pierre et le papier. Préoccupé, quant à lui, par l’apprentissage d’une langue plus qu’étrangère (le japonais), Rainer Ganahl montrera pour la deuxième fois chez Roger Paihlas un work in progress sonore et visuel (jusqu’au 2 avril).
Jérôme Basserode est sans aucun doute l’un des artistes français les plus intéressants de sa génération. On verra chez Claudine Papillon, à partir du 12 mars, une installation qui combinera de multiples dimensions dans un désordre savamment organisé. Basserode n’est jamais là où on l’attend, tout comme ses œuvres, qui incorporent souvent des végétaux, jouent de la transformation organique. On n’en dira pas autant de l’agence "Les Ready-made appartiennent à tout le monde", animée par Philippe Thomas, qui ressasse depuis près de dix ans une fiction très habile. On en attend la conclusion, faut-il l’avouer, avec une certaine impatience. A la galerie Claire Burrus (à partir du 3 mars), il s’est cette fois assuré la complicité du Mobilier national.
Dans cette même rue de Lappe, la galerie Durand-Dessert reste fidèle à Gérard Garouste et présente, jusqu’au 2 avril, une quarantaine de gouaches et quatre Indiennes de 1980. Depuis maintenant plus de quinze ans, Garouste est une valeur sûre de l’art français. Mais, par les temps qui courent, de quoi peut-on être sûr ? Passé l’effet de mode, l’art de Garouste demeure anachronique, non seulement par son style, mais aussi par un propos qui ne saurait être plus inactuel. Les grands panneaux abstraits de Mariella Simoni (Jennifer Flay, jusqu’au 12 mars) partagent cette même qualité : on n’y décèle aucune préoccupation de l’époque, mais un souci de la durée et de l’équilibre.
Rive gauche, on retrouvera les peintures d’un autre Italien, Gianni Dessi, à la galerie Di Méo (rue des Beaux-Arts, jusqu’au 16 avril), après son exposition "Vista d’insieme" en février à l’Institut culturel italien. Dessi a été associé à d’autres peintres romains, succédant à la déferlante de la trans-avant-garde, qui ont connu un succès plus mitigé. Dans un domaine plus classique, des hommages sont rendus à Pierre Tal-Coat dont l’œuvre est régulièrement revisitée, à la galerie Berthet-Aittouares (rue de Seine, jusqu’au 30 avril), avec des dessins, aquarelles et peintures, et à Jean Degottex, disparu en 1988, avec des peintures des années 1955 à 1965, à la galerie Jean-Jacques Dutko (rue Bonaparte, jusqu’au 12 mars).
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Un tour des Galeries : Paris
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°1 du 1 mars 1994, avec le titre suivant : Un tour des Galeries : Paris