Au moment où une rétrospective de son œuvre, déjà montrée à Malmö et à la Tate Gallery de Liverpool, s’ouvre à l’Irish Museum of Modern Art (14 avril-19 juin), Antony Gormley présente chez White Cube une sculpture récente.
L’événement est d’importance, puisque c’est la première fois depuis onze ans que cet artiste expose dans une galerie commerciale londonienne, à l’exception du portfolio de dessins et de gravures qu’on a pu voir à la Frith en 1991. Conformément aux pratiques habituelles de Gormley, la sculpture, forme humaine étendue sur le sol de la galerie et intitulée Le Sujet perdu, par une référence malicieuse au culte de l’objet trouvé, est un moulage creux en plomb du corps de l’artiste. Mais le public constatera avec surprise qu’ici, la généralisation est sacrifiée au profit d’un portrait plus strictement figuratif. William Tucker, auteur de The Language of Sculpture, rendra le 7 avril à la Tate Gallery un hommage à Peter Fuller à l’occasion d’une conférence au cours de laquelle il fera référence aux sculptures qui ont influencé sa carrière.
Londres va renforcer son image de centre d’art international après la décision de Marc Jancou, jeune marchand suisse qui s’est fait connaître en participant à la Unfair de Cologne et à la foire de Bâle de déplacer sa galerie à Londres plutôt qu’à Paris ou à Berlin. Il conservera cependant un bureau à Zurich ou auront lieu de temps à autre des présentations ou installations. Marc Jancou s’établira au troisième étage du 41-42 Foley Street, dans le bâtiment occupé par Karsten Schubert depuis le début de la saison, et si les travaux de rénovation sont achevés à temps, ilouvrira ses portes peu après Pâques avec une exposition de l’artiste conceptuel américain Peter Fend (jusqu’au 28 mai). Fend était présent à la dernière Documenta et plus récemment à Context-Kunst à Graz.
Autres artistes figurant au programme : Michael Krebber, Mark Dion, Sam Samore, la Britannique Cathy de Monchaux et le sculpteur polonais Miroslav Balka. L’arrivée de Marc Jancou vient nourrir un courant qui s’est déjà manifesté au cours de la saison par l’ouverture de plusieurs galeries : Beaux-Arts, Reed’s Wharf, Art First, The Burlington New Gallery et la Gallery M, lancée par Huei Hong au-dessus de Flowers East à London Fields vers la fin de l’année dernière, et où l’on peut voir les peintures surréalistes de Conroy Maddox (jusqu’au 22 mai).
Lorsque Michael Hue-Williams, il y a un an, a fermé sa galerie d’Old Bond Street pour se retirer dans un appartement privé de Knightsbridge, on aurait pu croire qu’il ne reviendrait pas de sitôt dans le West End. Il ouvre pourtant aujourd’hui un nouveau lieu d’exposition au 15 Cork Street, dans la petite boutique libérée par Gordon Watson, à côté de la galerie Piccadilly. Ce lieu sera inauguré avec une sculpture de pierre d’Andy Goldsworthy (20 avril-27 mai), présentée au moment où paraît une nouvelle monographie consacrée à ses œuvres en pierre (Viking, 35 £). Chez Grob, dans Dering Street, on peut voir un deuxième volet de cette exposition, avec de nouvelles photographies environnementales, publiées actuellement sous forme d’images uniques . Un projet qui met en jeu les salles égyptiennes du British Museum sera peut-être présenté à la même période.
D’autres galeries de Cork Street se sont associées pour monter des expositions qui illustrent le thème du nouveau livre d’Edward Lucie-Smith, Race, Sex, Gender, publié par Atrium, la librairie de cette même rue. Bassam Boukamel est commissaire de l’exposition Indiscreet, chez RAAB (14 avril-13 mai), avec quatorze artistes dont Pierre Klossowski, Rainer Fetting, Markus Lupertz, Luciano Castelli, Ken Currie, représenté par The White Race, triptyque exposé à Berlin en février, Pierre et Gilles, et enfin Cindy Sherman qui remplace les mannequins médicaux de ses dernières images photographiques par un couple de modèles se livrant à des actes sexuels. Autres galeries participant à cette opération : Theo Waddington, Stoppenbach et Delestre, Patrick Corbally Stourton. On retrouve certains aspects du même thème dans le travail de Stephen Willats, dont des œuvres récentes sont montrées chez Victoria Miro (15 avril-13 mai). Shaunagh Heneage, qui dirige Atrium, organise pour le lancement du livre un colloque qui se tiendra à l’église St James, à Piccadilly, le 13 avril à 18 h30, avec la participation de Brian Sewell et de l’artiste noir homosexuel Eugene Palmer et peut-être aussi celle d’Andrew Logan et de Jenny Saville.
Dans le même quartier, Salama-Caro présente une exposition commémorative de l’œuvre du jeune artiste britannique Andrew Heard, sous le titre I want to tell you a story (jusqu’au 15 avril). Bernard Jacobson, avec huit grands tableaux récents de Maurice Cockrill (du 5 au 30 avril) boucle la rétrospective du paysagisme britannique qui devait se terminer à la fin de l’année dernière. Et Waddington Graphics propose de nouvelles publications graphiques d’Antoni Tàpies et de Jim Dine.
Dans Dering Street, Anthony d’Offay présente les Portraits des années soixante-dix et quatre-vingt, d’Andy Warhol (22 avril-28 mai), déjà montrés au Museum of Contemporary Art de Sydney. Ce choix d’images très "glamour" de stars du cinéma et de la musique, représentatif des dernières années de la carrière de l’artiste, se clôt sur l’autoportrait saisissant à la perruque argentée que la galerie lui avait commandé en 1986. Le catalogue comporte des textes d’Henry Geldzahler et de Robert Rosenblum. Dans le nouvel espace ouvert par la galerie au 24 Dering Street, Falls, Pratfalls and Sleights of Hand, on devra voir une remarquable et déconcertante installation vidéo de Bruce Nauman (jusqu’au 8 avril), des peintures et sculptures nouvelles de divers artistes comme Gerhard Richter, Richard Long et Jeff Koons et enfin Slumber, une performance de Janine Antoni, qui dort dans la galerie et tisse une tapisserie à partir des motifs de ses rêves (jusqu’au 15 avril).
Chez Annely Juda, la sélection de sculptures d’Anthony Caro (jusqu’au 7 mai) se distingue par la présence de six sculptures figuratives en bronze exceptionnelles, réalisées au début de sa carrière et qui doivent davantage à Picasso ou à Matisse qu’à Henry Moore auprès de qui Anthony Caro a été formé.
A l’Institut Français, sur Queensway Place, on peut voir 13 grandes toiles de Robert Combas (jusqu’au 28 avril) . Ce peintre français prolifique avait fait l’objet en 1993 d’une importante exposition au Musée d’art moderne de la ville de Paris, mais c’est la première fois qu’il expose en solo à Londres.
Dans l’Est de Londres, Maureen Paley poursuit son programme chez Interim en présentant 7 nouvelles toiles monochromes du peintre irlandais Mark Francis (10 avril-21 mai), dont des œuvres ont été récemment acquises par la Tate Gallery. Chez Reed’s Wharf, on peut voir une série de nouveaux tableaux d’Adam Lowe, utilisant la peinture à l’huile et la résine et intitulés Baseless Fabric (structure sans fondement), formule par laquelle Prospero, dans La Tempête, de Shakespeare, évoque la différence entre représentation et réalité. Pour l’exposition, l’artiste a créé une vaste eau-forte qui sera tendue sur le mur de la galerie, côté fleuve.
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Un tour des galeries : Londres
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°2 du 1 avril 1994, avec le titre suivant : Un tour des galeries : Londres