Ventes aux enchères

Un Tobeen inédit prend le large au Pays basque

Par Marie Potard · L'ŒIL

Le 24 septembre 2024 - 320 mots

Voilier dans le port de Saint-Jean-de-Luz, une huile de Félix-Élie Bonnet, dit Tobeen, a été adjugée le 3 août chez Côte Basque Enchères.

Sauvé de l’oubli

Redécouvert dans un grenier, ce tableau, restauré et nettoyé, était inconnu du corpus de l’artiste bordelais Félix-Élie Bonnet, alias Tobeen (1880-1938). Il était conservé dans la famille du poète et romancier Pierre Corrard (1877-1914), que le peintre a sans doute rencontré à Paris dans les années 1910, à Montparnasse. C’est à cette époque qu’il a probablement acheté l’œuvre, à moins qu’elle ne fût un présent offert par Tobeen à la veuve de ce dernier après sa mort au front, dans la Meuse.

Simplification des formes

L’embarcation comme sujet principal illustre le talent de Tobeen dans sa manière d’appréhender les formes, qu’il simplifie en les géométrisant. Ses grands aplats colorés, comme la grande voile blanche, et la délimitation des formes par un cerne rappellent qu’il a été influencé par l’œuvre de Paul Gauguin – qu’il a pu admirer chez son premier mécène, le collectionneur bordelais Gabriel Frizeau.

Au-delà de l’estimation

Estimée 20 000 à 30 000 euros, l’huile, adjugée 120 000 euros au marteau (148 000 € avec les frais) a donc multiplié par quatre son estimation haute. Il s’agit ainsi du deuxième plus haut prix pour l’artiste, après Les Pelotaris, vendu 434 000 euros chez Christie’s Londres en 2013. Ce tableau avait été acquis au Salon des indépendants par le critique d’art Théodore Duret en 1912.

Toiles euskariennes

Ses toiles évoquant le Pays basque, qu’il fréquente depuis son enfance, sont les plus prisées. L’œuvre Voilier dans le port de Saint-Jean-de-Luz, peut-être peinte entre 1912 et 1914, illustre le port de Saint-Jean-de-Luz, parfaitement identifiable avec l’église Saint Jean-Baptiste et les deux tourelles d’angle coiffées de toits en ardoise de la maison Louis XIV, demeure d’armateur érigée en 1643 où le monarque résida pendant plus d’un mois lors de son mariage avec l’infante Marie-Thérèse en 1660.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°779 du 1 octobre 2024, avec le titre suivant : Un Tobeen inédit prend le large au Pays basque

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