Une nouvelle biennale spécialisée, le Salon international de la céramique de collection et des arts du feu, est née en 1997. Elle attirera cette année une trentaine de marchands – contre une vingtaine il y a deux ans – qui exposeront, du 29 septembre au 3 octobre, à l’hôtel Dassault, quelques-unes de leurs plus belles découvertes. Au programme, des céramiques d’Europe et d’Extrême-Orient, mais aussi des émaux et de la verrerie. Cette manifestation se veut plus éclectique que la Ceramic Fair organisée à Londres.
PARIS - Inspiré de la Ceramic Fair, le Salon international de la céramique de collection et des arts du feu s’en distingue à plusieurs titres. De dimension plus petite, il accueille une trentaine de marchands – contre une quarantaine à Londres – et est organisé par les marchands eux-mêmes, alors que sa consœur l’est par une société spécialisée. La foire londonienne présente principalement de la porcelaine de Chine et des céramiques anglaises, tandis que son homologue de l’hôtel Dassault réunit des spécialités nettement plus diversifiées d’un point de vue tant géographique – faïences françaises, allemandes (Meissen), hollandaises (Delft), anglaises, mais aussi des pièces d’Extrême-Orient – qu’historique – céramiques des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, sans oublier les arts du feu contemporains. Si la céramique se taille la part du lion, les émaux et la verrerie ne sont pas pour autant négligés. “L’idée de créer un salon à Paris nous est venue il y a une dizaine d’années, explique le marchand Christian Béalu, l’un des principaux organisateurs. Nous avons testé la formule en 1996, lors de la Biennale des antiquaires et galeries d’art, où les spécialistes de la céramique étaient tous regroupés dans un même espace au Carrousel du Louvre, sur une mezzanine. Prenant acte de ce succès, nous avons décidé de fonder une association regroupant six marchands pour organiser un salon à l’hôtel Dassault.”
Pour l’antiquaire Antoine Lebel, l’initiative est excellente : le marché a besoin de manifestations spécialisées pour prendre le relais des salons généralistes qui s’essoufflent un peu. La biennale s’est efforcée de s’ouvrir cette année plus largement aux exposants étrangers, mais elle demeure encore très hexagonale. Vingt-trois des trente-quatre antiquaires sont français, quatre sont britanniques, trois belges, le Portugal, l’Allemagne, la Suisse et la Hollande disposant chacun d’un seul représentant. “Nous avons connu un succès d’estime pour la première édition. Celle-ci devrait permettre de réunir les meilleurs marchands français et, dans deux ans, le salon devrait être à même de s’internationaliser”, soutient le marchand belge Jean Lemaire. Dès la première année, les exposants ont reçu la visite de collectionneurs français, belges, hollandais. Néanmoins, rares semblent être les Américains qui ont fait le voyage.
La faïence française en tête
Le salon fait une large place à la faïence française, particulièrement des XVIIe et XVIIIe siècles. Christian Béalu a sélectionné une écuelle couverte accompagnée de son plateau en porcelaine tendre de Sèvres, à décor polychrome d’oiseaux en réserve sur fond bleu lapis caillouté d’or. Vincent L’Herrou, de la galerie Théorème, exposera un vase en porcelaine tendre de Sceaux ou de Paris datant des années 1750-1760, au décor en réserve représentant La tragédie de Brutus d’après Voltaire, à rapprocher d’un objet à sujet identique se trouvant au Musée national de la céramique, à Sèvres. Philippe Boucaud s’est intéressé à un grand bénitier d’applique à décor polychrome en relief et ajouré représentant la Vierge à l’Enfant et des angelots parmi les nuages, dont l’encadrement est orné de fleurettes, feuillages, coquilles et agrafes de style rocaille. Christian Bonnin présentera un grand bassin rafraîchissoir en faïence de Moustiers qui serait attribué à Gaspard Viry, peintre chez Clérissy.
Par ailleurs, le stand de la galerie Van Nie et Winnubst (Amsterdam) proposera des faïences de Delft. Parmi les pièces d’Extrême-Orient, Luis Alegria (Porto) mettra en vedette une plaque peinte en grisaille et sépia – une représentation de l’été avec cinq putti composant des bouquets de fleurs qu’ils sortent d’un panier – et Corinne Van der Kindere, d’Artcade Gallery, une verseuse chinoise ornée d’un personnage tenant sur ses genoux une oie qu’il est en train de gaver ; très rare en raison de la présence de bleu – l’oxyde de cobalt importé était coûteux – et de son sujet, elle fait partie des objets les plus sophistiqués produits à la fin de l’époque Tang. Trois marchands défendront les couleurs de la céramique contemporaine, dont la galerie Fourcat-Ortillès qui présentera un bol de Jean Girel, et la galerie Clara Scremini avec des œuvres de Tessa Clegg, artiste verrier britannique.
29 septembre-3 octobre, Hôtel Dassault, 7 rond-point des Champs-Elysées, 75008 Paris, tél. 01 45 48 46 53, tlj 11h-20h, mercredi 29 septembre et vendredi 1er octobre 11h-23 h.
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Un salon plus éclectique que la Ceramic Fair londonienne
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°89 du 24 septembre 1999, avec le titre suivant : Un salon plus éclectique que la Ceramic Fair londonienne