La Galerie de la Présidence présente une sélection d’œuvres d’Albert Marquet
en écho à la prochaine exposition du Musée d’art moderne de la Ville de Paris.
PARIS - Albert Marquet (1875-1947) fait partie des artistes que suit depuis longtemps la Galerie de la Présidence, codirigée par Françoise et Florence Chibret-Plaussu, mère et fille. Ayant rassemblé suffisamment d’œuvres du peintre depuis cinq ans, les directrices en ont programmé l’exposition. D’autant plus que l’importante rétrospective que le Musée d’art moderne de la Ville de Paris consacre à l’artiste à partir du 25 mars, pour laquelle la galerie prête 25 œuvres, est un formidable coup de projecteur. C’est ensuite le Musée Pouchkine à Moscou qui accueillera la rétrospective. « 2016 est l’année Marquet ! », annonce Florence Chibret-Plaussu. Aussi, une trentaine d’œuvres sont exposées, essentiellement des huiles, dont 80 % sont à vendre, pour des prix allant de 70 000 à 450 000 euros. Un catalogue accompagne l’exposition.
Né à Bordeaux, Albert Marquet a 19 ans lorsqu’il entre à l’École des beaux-arts de Paris. Il devient l’élève de Gustave Moreau et rencontre Matisse, Manguin et Camoin. Dès 1905, ce groupe, rejoint par Vlaminck et Derain, rejette les critères académiques et croque la vie moderne rehaussée de couleurs « franches et vives ». C’est Louis Vauxcelles, critique d’art, qui donnera à ce mouvement son nom : le « fauvisme », dérive d’une boutade (« Donatello chez les fauves »). Mais très vite, dès 1906, Marquet s’en détache, optant pour une palette aux teintes plus sourdes. Il tend parallèlement à une simplification des formes. « Chez lui, tout est suggéré. Il ne fait qu’évoquer les choses, sans jamais aller dans le détail. En cela, il est très moderne », explique Florence Chibret-Plaussu. Il recourt à un dessin au trait minimaliste : ses personnages sont seulement esquissés d’un trait noir au pinceau, comme dans Paris, Le Pont Saint-Michel, brume et neige (vers 1908). De même, les vagues, dans Venise, San Giorgio Maggiore (1936), sont représentées par petites touches, petites virgules suggérant le clapotis (au-delà de 300 000 euros). Autre élément essentiel de sa peinture, la lumière, « contrairement à Matisse qui s’intéresse à la couleur », commente la galeriste. D’ailleurs, le ministre Marcel Sembat, ami du peintre, écrit de lui : « Marquet possède la lumière comme personne, il a le secret d’une lumière pure, intense, dont l’éclat uniforme et sans couleur emplit tout le ciel ».
La Seine, les quais
L’eau est le principal sujet de ses tableaux. La Seine est le fil rouge de ses séries axées sur Paris. Ses lieux de prédilection sont le quai des Grands-Augustins, le quai du Louvre et le quai Saint-Michel, qu’il reproduit à toute heure du jour et par tous les temps pour étudier les variations de la lumière. L’exposition comprend plusieurs œuvres issues de ces séries, à l’instar de Paris, le quai du Louvre (1906), Paris, quai des Grands-Augustins, vers Notre-Dame (1938) ou Notre-Dame de Paris sous la neige (au-delà de 300 000 euros).
Marquet est aussi moderne dans le choix de ses cadrages, très audacieux, comme dans la petite huile présentée en vitrine, une vue du Louvre dans laquelle le monument n’apparaît qu’au second plan, le sujet principal étant en réalité l’ombre portée par le soleil sur le mur de droite (l’œuvre est un prêt de la famille de l’artiste). Il privilégie également des vues plongeantes, en témoignent Les Toits noirs à Audierne, 1928 (autour de 170 000 euros). Son ami Matisse le rapprochait en ce sens d’Hokusaï.
Grand voyageur, Marquet ira souvent en Tunisie et à Alger, où il rencontre sa future épouse. L’exposition montre plusieurs tableaux de cette période comme Le Port d’Alger (vers 1922) ou Les Quais d’embarquement (vers 1924).
Des Français, des Européens et de nombreux Américains – la galerie Eugène Druet qui le représentait à l’époque avait des contacts aux États-Unis –, collectionnent les œuvres de Marquet. « Il n’y a pas beaucoup de tableaux du peintre qui passent en vente mais quand il y en a un beau, il suscite de l’intérêt », souligne Florence Chibret-Plaussu. Le record de l’artiste en vente aux enchères est détenu par La Plage de Sainte-Adresse, vers 1906, cédée 1,5 million d’euros chez Sotheby’s Londres en 2008 et que le Musée d’art moderne exposera.
Nombre d’œuvres : une trentaine
Prix : de 70 000 à 450 000 €
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Un printemps assez Marquet
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 31 mai, Galerie de la Présidence, 90, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris, tél. 01 42 65 49 60, www.presidence.fr, tlj sauf dimanche 10h30-13h, 14h30-19h, samedi jusqu’à 18h30.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°453 du 18 mars 2016, avec le titre suivant : Un printemps assez Marquet