Le ralentissement de la conjoncture économique, très net aux États-Unis, laissait craindre un fléchissement du marché de l’art à l’occasion des grands rendez-vous du printemps, outre-Atlantique. Il n’en a rien été. Les ventes d’œuvres impressionnistes, modernes et contemporaines, qui se sont déroulées à New York au mois de mai, ont été globalement couronnées de succès.
NEW YORK - Phillips a ouvert le feu des ventes d’art impressionniste et moderne, le 7 mai, en dispersant 41 lots pour un total de 124 millions de dollars dont 71 millions pour les 7 tableaux de la collection Berggruen. Un total qui hisse l’auctioneer au niveau de ses deux concurrents, Sotheby’s et Christie’s. Cette ascension a un coût. Pour relever ce défi et se voir confier les œuvres de la collection Berggruen, Simon de Pury, le patron de l’outsider, a dû garantir au marchand berlinois une somme nettement supérieure à celle obtenue lors de la vente. Certains évoquent 100 à 120 millions de dollars.
La Montagne Sainte-Victoire de Cézanne, pièce phare de la vacation a été adjugée 35 millions de dollars, la fourchette basse de son estimation, mais le très beau Jardin public de Van Gogh est resté invendu tout comme La Jeune Fille à la poupée de Cézanne, sans doute en raison d’estimations trop élevées (30-40 millions de dollars pour le premier, 6 à 8 millions pour le second). Sotheby’s s’est vu récompenser de son très beau travail de marketing réalisé autour de la collection Stanley J. Seeger en recueillant 54 millions de dollars pour cet ensemble. Les estimations très raisonnables ont sans doute contribué au succès de cette vente qui a été marquée par quelques records pour des œuvres de Francis Bacon (8,5 millions de dollars pour le triptyque, Studies of the human bodies) et Max Beckmann notamment (3,8 millions de dollars pour Persée et Hercule). L’auctioneer a totalisé 140 millions de dollars pour l’ensemble de ses ventes d’art impressionniste et moderne contre 90 millions de dollars chez Christie’s, les 8, 9 et 10 mai. Cette dernière a toutefois connu quelques déconvenues avec le ravalement du Portrait d’Olga de Picasso (1923) et de multiples enchères réalisées en dessous ou dans la fourchette d’estimations souvent élevées. Le succès a été plus éclatant pour les ventes d’art contemporain. Christie’s a vendu 43 des 51 lots (84 %) qu’elle présentait dans sa vente du soir du 17 mai pour 22,5 millions de dollars et battu 10 nouveaux records. Une sculpture de Bruce Naumann (Henry Moore bound to fail, de 1967) a plus que triplé son estimation à 9,9 millions de dollars. La très controversée Nona Ora, une sculpture en cire grandeur nature de Maurizio Cattelan, représentant le pape écrasé par une météorite, a doublé son estimation à 886 000 dollars. Une édition identique de la sculpture de Jeff Koons, Woman in tub, partie l’an passé à 1,7 million de dollars, s’est envolée à 2,8 millions de dollars. Le climat a été tout aussi euphorique chez Sotheby’s qui a totalisé 45,3 millions de dollars de produit le 15 mai dans son siège social de York Avenue. L’enchère la plus élevée est allée à une œuvre de 1951 de Jackson Pollock (Black and white) enlevée à 7,9 millions de dollars alors que Michael Jackson and Bubbles, une sculpture kitsch en porcelaine recouverte d’or de Jeff Koons, est partie à 5,6 millions de dollars. Phillips a, lui, obtenu le 14 mai, 16,4 millions de dollars de produit pour 49 lots et battu six records.
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Un pied de nez à la morosité
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°128 du 25 mai 2001, avec le titre suivant : Un pied de nez à la morosité