PARIS - Conscients du succès remporté l’an passé par les expositions monographiques organisées par quelques galeries – la Bouquinerie de l’Institut (Marc Chagall), l’Arc en Seine (Christian Bérard), la galerie Fanny Guillon-Lafaille (Raoul Dufy) et la Galerie de France (Martial Raysse) – , plusieurs exposants avaient misé sur des one-man shows. Stéphane Custot, de la galerie Hopkins-Thomas-Custot, qui présentait des dessins, sculptures et aquarelles de Dubuffet, a vendu une dizaine de feuilles entre 55 000 et 1 million de francs. Florence Chibret-Plaussu, à la galerie de la Présidence, a cédé une dizaine d’œuvres de Marcel Gromaire ; les dessins se sont négociés entre 28 000 et 30 000 francs, les aquarelles de 60 à 100 000 francs et les tableaux autour de 400 000 francs. Patrick Bongers, chez Louis Carré et Cie, a lui aussi remporté un réel succès avec son exposition de dessins et d’aquarelles de Jean Villon, couvrant cinquante années de création, de 1900 à 1952. Il a vendu notamment un autoportrait autour de 60 000 francs et une aquarelle autour de 80 000 francs.
Les galeries d’art moderne qui ont préféré présenter un plus large éventail de signatures n’ont pas reçu un accueil aussi enthousiaste du public. Ainsi l’Ergastère, spécialisée dans les œuvres nabis et de l’école de Pont-Aven, n’avait encore rien vendu à la veille de la fermeture du salon ; la charmante toile synthétique d’Henri Moret, les Battages en Bretagne, qu’elle proposait à 1,5 million de francs, et le Sérusier (2,2 millions de francs) n’avaient pas trouvé preneur. L’engouement des visiteurs pour le mobilier du XXe siècle ne s’est, cette année encore, pas démenti. Dès l’ouverture, Christian Boutonnet et Raphaël Ortiz, à l’Arc en Seine, ont cédé leur salon de Jean Royère composé de trois fauteuils, d’une paire de guéridons, d’une console et d’un pouf rond. Anne-Sophie Duval s’est séparée d’une table basse en galuchat de Jean-Michel Frank (800 000 francs) et d’un ensemble de chaises de Jean et André Lurçat décorées par Pierre Chareau. Succès aussi pour Éric Philippe qui, présent pour la première fois au Pavillon des antiquaires, exposait des meubles et objets d’art suédois et danois des années trente. “Le salon a très bien marché commercialement”, déclarait-il, en soulignant le bon équilibre entre spécialités.
Boiseries noires du Jiangsu
Résultats mitigés du côté des marchands d’art asiatique, nouveaux venus à l’Espace Eiffel-Branly. Jacques et Antoine Barrère ont bien travaillé ; ils ont vendu six cavaliers (Qi du Nord, 549-577 après J.-C.) entre 50 000 et 350 000 francs, et plusieurs objets d’époque Tang en terre cuite de 20 000 à 80 000 francs. Malgré un stand à la décoration particulièrement réussie, la galerie Luohan, spécialisée dans le mobilier et l’art chinois, n’a pas rencontré les faveurs du public. Un superbe cabinet de lettré en bois de zitan (province du Jiangsu) trônait devant des boiseries noires du XVIe siècle venant d’une résidence du Jiangsu. “La clientèle du salon est plus généraliste, plus conservatrice que celle de ma galerie. J’ai rencontré peu de collectionneurs d’art asiatique”, précise Laurent Colson. Le mobilier classique chez Philippe et Patrick Perrin, les tableaux anciens chez Georges de Jonckheere et Virginie Pitchal ont, en revanche, été appréciés des collectionneurs. La jeune galeriste a cédé un portrait de Louis XV par Pierre Gobert et “noué de nombreux nouveaux contacts”.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Un Pavillon bien établi
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°101 du 17 mars 2000, avec le titre suivant : Un Pavillon bien établi