Qui sommes-nous, que faisons-nous, où allons-nous”¯? Les acteurs du monde de l’art sont en questionnement permanent, en particulier depuis la crise.
La foire Independent organisée à New York en est symptomatique puisque l’événement est devenu le point de départ d’interrogations plus larges sur le métier de galeriste et les besoins de l’artiste. « Comment travaille-t-on pour les artistes, qu’est-ce qu’un artiste attend de son galeriste ? Devons-nous rester à une forme traditionnelle de représentation ? Les artistes travaillent de façon si différente que leur activité ne tombe pas toujours dans le périmètre habituel de la galerie, constate la galeriste new-yorkaise Elizabeth Dee. Jusqu’à quel point ai-je envie de soutenir les activités de l’artiste hors de mon territoire ? Je me rends compte que, pour certains projets, je suis plutôt commissaire d’exposition, à d’autres moments, agent ou encore manager. Je porte désormais plusieurs chapeaux. » Tout en multipliant les fonctions, les galeries doivent souvent mettre leur mouchoir sur l’idée d’exclusivité, et même accepter de partager des artistes dans une même ville. « Je crois que l’énergie mise dans la “défense” du marché tel qu’il était n’a plus de sens, estime le galeriste berlinois Matthias Arndt. Le marché change géographiquement, mais aussi dans chaque centre. » La notion même de « ligne » semble être obsolète. « Les listes d’artistes, les programmes de galeries n’ont bien souvent plus de sens. Aujourd’hui, le travail se développe beaucoup plus sur les identités fortes ; des travaux et des processus opposés peuvent cohabiter sur une même liste, remarque l’artiste Loris Gréaud. Bizarrement, ce sont les galeries plus anciennes et déjà très établies qui l’ont compris, bien avant de plus jeunes enseignes qui continuent à maintenir cette idée et se donnent beaucoup de mal à tenir une ligne esthétique. »
Nouvelles aventures
D’autres types de questions ont conduit les galeries à s’engager massivement dans de nouvelles aventures concernant les foires, qu’elles soient virtuelles comme VIP Art Fair (lire p. 26), ou réelles, à Hongkong, Dubaï ou au Mexique. Cet impératif de tester les nouveaux marchés n’est pas propre aux vieux routiers, mais, chose plus inédite, elle concerne aussi les jeunes galeries. Ainsi les Parisiennes Crèvecœur et Anne Barrault participent-elles en avril à la prochaine édition de Zona Maco à Mexico, tandis que The Hotel (Londres) et Johann König (Berlin) seront présents en mars sur Art Dubai. Mais le test implique parfois d’y perdre quelques plumes, ce qui fut le cas pour VIP Art Fair. « Bien sûr, nous avons eu des manques, mais il est clair que nous offrons un complément. Le cycle de gestation d’une foire est long, nous sommes au début de quelque chose de nouveau », affirme James Cohan, son fondateur. Internet est indéniablement un outil d’avenir, si ce n’est d’achat, du moins d’information, et les galeries auraient tout intérêt à s’y engager plus massivement. Les maisons de ventes publiques l’ont, elles, bien compris. Ainsi la maison indienne online Saffronart a-t-elle testé, pour la première fois, une vacation « Blitz » de 24 heures les 2 et 3 février, et engrangé 746 403 dollars (540 000 euros) pour une petite cinquantaine d’œuvres.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Un monde en questionnement
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°341 du 18 février 2011, avec le titre suivant : Un monde en questionnement