Que 2009 ait été une année rude pour le marché, tout le monde en convient. Que ce ne fut pas non plus le tsunami tant redouté, le milieu de l’art le concède aussi. Que les bruissements d’une reprise s’amorcent depuis septembre, les observateurs l’admettent enfin, mais presque à reculons, par crainte de voir un nouveau cauchemar boursier balayer les lueurs d’espoir.
Le rebond palpable sur les foires automnales cache d’ailleurs un quotidien moins rose. Côté cour, certains marchands ont réduit la voilure. Agnew’s Gallery a quitté son espace londonien pour se replier dans des bureaux. De son côté, Donald Young (Chicago) a opté pour un mode de fonctionnement plus léger tandis que Matthias Arndt (Berlin) a raccourci sa liste d’artistes, autrefois pléthorique. Est-ce à dire que les salons risquent de faiblir faute de combattants ? Pas du tout. Car pour beaucoup de galeries, notamment les petites structures, le gros des affaires s’est effectué en 2009 sur les salons. Si la plupart des marchands d’art primitif ont fait florès lors du Parcours des mondes en septembre dernier, ils peinent à prolonger la dynamique après l’événement. De fait, malgré l’annulation en 2009 de deux salons, lesquels campaient sur des terrains balbutiants comme Moscou ou Salzbourg (Autriche), les foires auront de beaux jours devant elles en 2010. Bien que les galeristes renâclent à la dépense, ces événements ne désemplissent pas. Si soixante exposants ont fait faux bond sur Art Basel Miami Beach en décembre, ceux-ci furent remplacés – certes non sans mal – par de nouvelles recrues. Cette année sera pour beaucoup de galeries l’occasion de tester d’autres manifestations pour élargir leurs horizons. Ainsi la foire Art Brussels rallie-t-elle en avril les galeristes David Juda (Londres) et Emmanuel Perrotin (Paris), tandis qu’Esther Schipper (Berlin) participe à l’Armory Show (New York) en mars prochain. Même un réfractaire aux foires, comme le Parisien Bernard Bouche, a participé en novembre à Artissima (Turin) et se rendra en février prochain à l’ARCO à Madrid.
Finalement, les gagnants de 2009 sont ceux qui n’ont guère besoin de visibilité, à savoir les grands courtiers. Bien sûr, eux aussi accusent la crise. Mais leurs frais légers et leur confidentialité leur ont été bien profitables l’an dernier. Conseiller en tableaux anciens, Étienne Breton a ainsi fait feu de tout bois. Figurent à son tableau de chasse quelques grosses trans-actions comme L’Évanouissement d’Esther de Jean-François de Troy, vendu au Louvre-Abou Dhabi, ou le Combat des Centaures et des Lapithes, de William Bouguereau, cédé au Virginia Museum of Fine Arts de Richmond. On pourrait penser qu’Étienne Breton opère dans un secteur épargné, au vu des très gros prix obtenus en tableaux anciens chez Christie’s et Sotheby’s en décembre à Londres. Mais ces records cachent quelques sévères méventes car les collectionneurs sont plus sélectifs que jamais. De fait, seules les offres très ciblées, tout comme les œuvres remarquables par leur originalité ou historicité, tirent leur épingle du jeu. Le sur-mesure dominera encore le marché en 2010.
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Un marché du sur-mesure
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°316 du 8 janvier 2010, avec le titre suivant : Un marché du sur-mesure