La vente d’art ancien de Christie’s, le 8 décembre, a atteint un montant total de 9 885 638 livres (plus de 82 millions de francs).
LONDRES - La vente organisée par Christie’s le 8 décembre fut assez inégale. Parmi les Hollandais, le tableau exceptionnel d’Ambrosius Bosschaert était le plus attendu : Roses sous une arche et paysage au loin, une toile semblable à un panneau que le marchand d’art Johnny van Haeften avait vendu quelques jours auparavant. Ce dernier, malgré ses efforts, n’est pas parvenu à acheter ce tableau, estimé à 300 000 à 400 000 livres, qui a finalement été acquis sur enchère téléphonique pour la somme de 600 000 livres (5 millions de francs). Parmi les toiles italiennes, signalons San Marco et le palais des Doges, de Canaletto, vendu 400 000 livres (3,3 millions de francs), et Campo San Gallo, Venise, de Marieschi, estimé 150 000 à 250 000 livres qui a été adjugé 420 000 livres (3,5 millions de francs).
La Dernière Communion de Sainte Marie d’Égypte, de Corrado Giaquinto, estimée 20 000 à 30 000 livres, une toile d’une qualité exceptionnelle subtilement voilée par un vernis, a été acquise par un collectionneur privé de New York pour 95 000 livres (789 000 francs). La Sainte Famille de Spinola, attribuée à Giulio Romano par le catalogue de la vente, estimée 400 000 à 600 000 livres, a déclenché une polémique. Christie’s avait indiqué, dans le catalogue, qu’une étude de la silhouette de la servante se trouvait au verso d’un dessin de Jonas conservé à Windsor, un dessin “attribué probablement légitimement au collaborateur le plus proche de Giulio, Giovanni Francesco Penni, lorsqu’ils travaillaient dans l’atelier de Raphaël”. Aux yeux de quelques sceptiques, cette précision pourrait bien indiquer que la Sainte Famille de Spinola serait une œuvre non de Giulio mais de Penni. Simon Dickenson a remporté l’enchère pour 1,4 million de livres (11,5 millions de francs), cette fois encore pour le compte du Musée Getty.
Depuis quelques temps, Christie’s présente de très belles œuvres allemandes à des prix fort intéressants ; pour preuve les deux panneaux de l’entourage du maître de Liesborn, estimés 30 000 à 40 000 livres et acquis par Colnaghi pour 38 000 livres (315 000 francs). Christie’s présenta six panneaux de Cranach et de son prolifique atelier ; une Judith quelque peu sévère, au sourire timide, tenant d’une main une épée tachée de sang et de l’autre la tête d’Holopherne, n’intéressa guère la salle mais fut emportée sur enchère téléphonique à 280 000 livres (2,4 millions de francs, pour une estimation de 3/3,8 millions e francs). Un petit panneau, Le Christ Enfant bénissant St Jean-Baptiste Enfant, datant de 1510, ne trouva aucun acquéreur à 95 000 livres (789 000 francs).
La toile allemande la plus importante était une petite merveille de Johan Liss, un maître du début du XVIIe siècle : Pécheur repenti se détournant du péché et recevant d’un ange le rameau de la Rédemption. Les tableaux de Johan Liss sont rares et particulièrement recherchés. La dernière vente remonte aux années soixante-dix lors de l’achat du Cupidon par le Musée de Cleveland. Il existe une autre version de la toile présentée par Christie’s à la Gemäldegalerie de Dresde, mais d’après l’expert Rutger Klessman, le tableau de Christie’s est de toute évidence l’original. Estimée entre 400 000 et 600 000 livres, la toile fut finalement achetée 900 000 livres (7,5 millions de francs) par Alfred Bader pour le compte d’Otto Naumann.
1. Ambrosius Bosschaert I, Roses in a Roemer with a Turban Buttercup, panneau, 31,4 x 22,8 cm, Christie’s Londres 8 décembre, 661 500 £, 5 000 000 F, (Est. 300-400 000 £)
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Un Liss, des roses
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°10 du 1 janvier 1995, avec le titre suivant : Un Liss, des roses