La Galerie JGM à Paris dévoile un ensemble de créations de Diego Giacometti, toujours très prisées par les collectionneurs.
PARIS - S’il ne jouit pas, aux yeux du grand public, de la même notoriété que son frère aîné Alberto, Diego Giacometti (1902-1985) a su se tailler une place de choix au panthéon des artistes du XXe siècle. Une quinzaine de ses pièces de mobilier en bronze à la ligne racée et gracile sont aujourd’hui réunies à la Galerie JGM à Paris. Issues de la même collection particulière établie au cours des six dernières années, ces pièces avaient déjà fait l’objet, fin 2004, d’une exposition à Genève dans la galerie Edward Mitterrand, fils du Parisien Jean-Gabriel.
À l’image de ses créations singulières, Diego Giacometti jouit d’un statut véritablement hors pair. Esquivant avec grâce le mythe de l’artiste maudit, le sculpteur avait réussi, de son vivant, à capter l’attention d’une clientèle huppée, tout en restant singulièrement absent des collections de l’État. Seule exception, la commande passée en 1983 par le Musée Picasso pour un ensemble décoratif (chaises, bancs, lanternes…), qui fait, encore aujourd’hui, figure de reconnaissance nationale. Effaçant sans effort la frontière entre mobilier utilitaire et œuvre d’art, les créations de Diego ont suscité l’enthousiasme de nombreux mécènes ; il s’offrait même le luxe de refuser certaines commandes à ceux qui commettaient l’erreur de le considérer comme un artisan – « il avait ses têtes », explique Jean-Gabriel Mitterrand. Ses œuvres, pour la plupart uniques car spécialement réalisées pour de riches collectionneurs (André Fourquet, Raoul Lévy…), de célèbres marchands (famille Maeght, Pierre Matisse…) ou des décorateurs (Jean-Michel Frank, Georges Geoffroy…), affichent pourtant des prix élevés (les tables basses tournent autour de 250 000 euros, idem pour la paire de fauteuils).
Nombreux animaux
Des tarifs, d’après le galeriste, multipliés par 150 depuis la création des pièces. La provenance généralement prestigieuse ajoutant à leur cachet, les œuvres demeurent ainsi entre les mains de quelques happy few. Le galeriste concède d’ailleurs que certains pedigrees sont plus prisés que d’autres : ainsi des pièces ayant appartenu au décorateur Henri Samuel, au couturier Hubert de Givenchy ou à l’épouse du richissime industriel et philanthrope Paul Mellon...
Logé dans un luxueux hôtel particulier du quartier parisien du Marais, l’espace « White Cube » de la Galerie JGM est ordinairement dédié à la sculpture contemporaine et monumentale. Profitant de cette esthétique épurée, le galeriste expose les œuvres de Diego comme d’authentiques sculptures. Dans une volonté d’« évoquer toutes les périodes qu’il a traversées », plusieurs artistes contemporains de Diego accompagnent avec plus ou moins de bonheur les pièces : Joan Miró, Pablo Picasso, Constantin Brancusi, Jean Tinguely, Yves Klein et même Tom Wesselmann. L’inénarrable Autruche (1977) trône en reine parmi les nombreux animaux qui, discrètement mais sûrement, sont représentés sur la plupart des pièces : hiboux, oiseaux, serpents... Cette « valeur poétique ajoutée » confère une dimension de charme et de familiarité à l’ensemble, mêlant formes végétales et animales avec une élégance rare.
Jusqu’au 5 mars, Galerie JGM, 79, rue du Temple, 75003 Paris, tél. 01 46 33 44 83, tlj sauf dimanche, 10h-19h, le samedi, 11h-19h.
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Un héros très discret
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°208 du 4 février 2005, avec le titre suivant : Un héros très discret