Dans un climat toujours tendu, le nombre des ventes cataloguées semble en nette augmentation pour la première fois depuis trois ans.
Le marché de l’art connaît ses périodes d’hibernation. Après la trêve des confiseurs à Noël, nous avons connu la pause pascale. Les marathoniens des foires puisent dans ces haltes un repos mérité avant de reprendre leur bâton de pèlerin. L’espace d’une semaine, on n’entendait plus le crépitement des enchères à Drouot, qui n’a redémarré que timidement. Le marché s’arrête sans se gripper ; les uns et les autres se jaugent, élaborent leurs stratégies, si tant est qu’il y en ait de valables. D’autres font des bilans. Plutôt positifs d’ailleurs à en juger par l’analyse d’Artprice pour le premier trimestre 2004. La base de données observe une nette reprise qui se mesure à l’aune du nombre croissant des ventes cataloguées, la première augmentation depuis trois ans. La quantité d’annonces de ventes françaises pour le second semestre est en progression de 20 % par rapport à 2003. Chez Sotheby’s, qui avait essuyé l’an dernier une perte de position, on augure de meilleurs résultats avec la batterie de ventes prévues entre mai et juillet. Mais, pour le moment, les regards se tournent vers New York où se bousculent les chefs-d’œuvre du XXe siècle. Même les plus pessimistes en conviennent : l’art moderne et contemporain semble tourner le dos à la crise. Mais en la matière, on observe peu de place pour la fantaisie. Les catalogues des ventes contemporaines américaines se suivent et se ressemblent selon des schémas éprouvés, un brin lassants. Chaque saison connaît son lot de revivals, célébrités qu’on remet au goût du jour. La primeur revient cette fois à Keith Haring.
Alors que la liste de la Foire de Bâle est disponible depuis longtemps, celles des autres salons d’art contemporain tardent à venir. La FIAC multiplie les réunions de galeristes en petit comité et annonce peu à peu leur admission aux impétrants. Certaines galeries hésitent, attendent le verdict de la Londonienne Frieze Art Fair avant de se prononcer. Le galeriste Daniel Malingue, qui ne fait pas partie du comité de pilotage, tire les fils du « MIGA » (Musée imaginaire des galeries d’art), espace dédié aux chefs-d’œuvre. Initialement tourné vers le moderne, il s’ouvrira aussi sur l’art contemporain. Sauf qu’en la matière la notion de chef-d’œuvre est des plus périlleuses. Pendant que la FIAC cherche un nouveau karma, Paris Photo renforce son secteur contemporain.
Les antiquaires, eux, désespèrent de revoir les chalands. Les déstockages sont monnaie courante, parfois en grande pompe comme pour Axel Vervoordt avec Christie’s (lire ci-dessous) ou Paul de Grande par l’entremise de Sotheby’s le 9 mai. Certains marchands trépignent de rage, n’ayant été prévenus que tardivement de leur entrée à la Biennale des antiquaires. Difficile en six mois de prévoir un stand au minimum honorable, au mieux séduisant ! Les guerres larvées se poursuivent au Syndicat national des antiquaires, qui a élu le 26 avril son nouveau président. Le jour même de l’élection, l’antiquaire Jean Lupu a annoncé un référé contre le syndicat pour indiscrétion. Une action qui pourrait provoquer un nettoyage à sec au sein de son conseil d’administration.
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Un goût de reprise ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°192 du 30 avril 2004, avec le titre suivant : Un goût de reprise ?