Venise, comme souvent, sera une des vedettes des grandes ventes de tableaux anciens, avec plusieurs vues de la Sérénissime par Canaletto, le 27 janvier chez Christie’s, mais aussi par Francesco Guardi, chez Sotheby’s le 28 janvier. Amsterdam sera, elle aussi, à l’honneur lors des ventes de dessins, à travers plusieurs feuilles de Rembrandt dispersées le 26, chez Sotheby’s, et le 28, chez Christie’s. Cet ensemble témoigne cependant de la raréfaction des chefs-d’œuvre sur le marché.
NEW YORK - Christie’s mettra en vente, le 27 janvier, six œuvres de l’ancienne collection Federico Gentili di Giuseppe, homme d’affaires juif d’origine italienne, disparu en 1940, qui était venu s’installer en France au début du siècle. Cinq d’entre elles, récupérées après la guerre en Allemagne, furent confiées à la garde des Musées de France et exposées comme MNR (Musées nationaux récupération) au Louvre, qui a été condamné en juin par la Cour d’appel de Paris à les restituer aux héritiers du collectionneur. Parmi elles, un dessin de Giambattista Tiepolo exécuté vers 1740, Alexandre et Campaspe dans l’atelier d’Apelle (1,5-2 millions de dollars, 9,4-12,6 millions de francs), tiré de l’Histoire naturelle de Pline, La Sainte Famille de Bernardo Strozzi (1581-1644), aux remarquables nuances de couleurs (600-800 000 dollars), et un Portrait de femme par Rosalba Carriera (1671-1759).
Christie’s proposera aussi un très beau Canaletto, récemment redécouvert, datant des années 1730, une Vue du Grand canal que domine le palazzo Corner (2,5-3,5 millions de dollars), et un important ensemble de tableaux français du XVIIIe siècle incluant plusieurs toiles de Jean-Baptiste Oudry issues du château de Voré, dont Le Retour de la chasse, une grande huile peinte dans les années 1720-1730 (400-600 000 dollars), et Nature morte dans un parc avec sanglier et chien de chasse (400-600 000 dollars). Les écoles du Nord seront présentes à travers des œuvres de Jacob van Ruisdael (1628-1682), comme Paysage boisé avec un voyageur se reposant au bord d’une chemin (500-700 000 dollars), et Banquet de mariage (1622) de Pieter Bruegel II, inspiré d’une composition de son père conservée au Musée de Philadelphie.
Le 28 janvier, Sotheby’s présentera deux Bruegel le Jeune, dont un Paysage avec villageois, cavaliers et chariots (1605-1610) exécuté au moment où le peintre s’est installé à Anvers (600-800 000 francs). Les bleus et les verts éclatants dominent, dans cette composition baignée d’une chaude lumière. Ces mêmes tonalités se retrouvent dans une paire de tableaux de Francesco Guardi datant des années 1770, Vue de San Giorgio Maggiore et de la Giudecca et Vue de la Pointe de la Douane et de Santa Maria della Salute (5-7 millions de dollars). Cette paire, acquise par Charles Benjamin Caldwell au tout début du XIXe siècle, est demeurée dans la famille jusqu’au milieu du XXe siècle. Autre œuvre majeur, le Portrait d’un homme en dieu Mars par Pierre Paul Rubens (6-8 millions de dollars). “Ce portrait de Mars par Rubens a été influencé par Les Césars de Titien, et plus particulièrement par le portrait de l’empereur Titus”, explique Christophe Apostle, vice-président du département Maîtres anciens de Sotheby’s à New York.
Deux vues d’Amsterdam par Rembrandt figurent parmi les œuvres phares de la vente de dessins organisée le 28 janvier par Christie’s. Le charme de ces feuilles, dont témoigne Les fortifications de Saint-Anthonispoort à Amsterdam (1,4-1,8 million de dollars, 8,8-11,3 millions de francs), tient à la sensibilité dans la représentation du paysage urbain et au sens aigu de la perspective qu’il magnifie. Également remarquable, un album de dessins de l’école florentine du XVIe siècle (100-200 000 dollars), comprenant 73 dessins de l’atelier d’un artiste qui a travaillé sous l’influence de Federico Zuccaro, et notamment une série de portraits à la sanguine ou à la craie rouge et noire.
Le 26 janvier, Sotheby’s proposera elle aussi une grande feuille de Rembrandt, qui montre un vieil homme assis réchauffant ses mains devant un feu de cheminée (200-300 000 dollars). D’autres dessins hollandais et flamands importants (Rubens et Van Dyck, Goltzius) seront mis aux enchères, mais aussi des dessins des écoles italiennes – Canaletto, Capriccio inspiré par le palais Grifalconi-Loredan à Venise (50-70 000 dollars) – et espagnoles – Goya, Pleurs et gémissements (400-600 000 dollars). Une grande place sera également faite aux écoles françaises, avec des dessins de Boucher, Watteau, Fragonard, Greuze, Oudry et Ingres.
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Un Canaletto redécouvert
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°97 du 21 janvier 2000, avec le titre suivant : Un Canaletto redécouvert