La collection Lebel a fait des étincelles chez Sotheby’s. Les autres ventes organisées à Paris n’ont en revanche pas particulièrement brillé.
PARIS - Le cortège de ventes aux enchères consacrées au dessin qui s’est déroulé du 25 au 27 mars a confirmé la force du marché parisien, au moment du Salon du dessin. « Pour des lots intermédiaires, nous avons découvert de nouveaux acheteurs européens que l’on n’a pas l’habitude de voir ni à Londres ni à New York », souligne Nicolas Joly, vice-président de Sotheby’s et expert en dessins anciens. Sotheby’s tenait pour la première fois le marteau à Paris dans cette spécialité, grâce à la collection Robert Lebel (1901-1986). Dominé par une série de feuilles italiennes des XVIe et XVIIe siècles, l’ensemble réuni par ce grand collectionneur a surpassé les attentes. Un chef-d’œuvre de la Renaissance, Étude pour la Madone au long cou de Francesco Mazzola dit « le Parmesan », est parti chez un collectionneur européen à son estimation haute, pour 780 750 euros, un record mondial pour un dessin de l’artiste. « Proposée pour la première fois sur le marché, elle est la plus belle étude pour le célèbre tableau conservé au Musée des Offices à Florence », observe Nicolas Joly. Les enchères se sont envolées à 420 750 euros pour Le Christ donnant les clés à saint Pierre de Giorgio Vasari, étude préparatoire pour le décor de la Sala Paolina du château Saint-Ange à Rome, contre une estimation de 80 000 à 120 000 euros. Ce dessin à la plume, encre brune et lavis brun est également un record pour une feuille de l’artiste. Parmi les feuilles de l’école du Nord ayant suscité beaucoup d’intérêt, un élégant dessin maniériste de Hendrick Goltzius représentant Vénus ordonnant à l’Amour de percer de ses flèches le cœur de Pluton a été vendu à un marchand pour 144 750 euros, le double de son estimation. Au chapitre des dessins XIXe, les œuvres d’Eugène Delacroix ont été les plus convoitées, à l’instar d’une Étude de personnages et de rose adjugée 31 950 euros, contre une estimation haute de 15 000 euros.
Estimations trop hautes
Artcurial avait de son côté décroché la dispersion de 26 œuvres du XIXe siècle provenant de l’ancienne collection du baron Joseph Vitta (1860-1942) et conservées dans la famille jusqu’à ce jour. Ce petit fonds conjuguait tous les atouts : qualité, fraîcheur et pedigree. Mais des estimations trop hautes ont refroidi les amateurs. Ainsi le lot vedette, Officier des chasseurs à cheval de la Garde impériale chargeant (1812), esquisse à l’huile et au crayon noir de Théodore Géricault d’un tableau conservé au Musée du Louvre, estimé 300 000 euros, est resté sur le carreau, comme neuf autres pièces de la collection. « Cela ne veut pas dire que ces dessins ne valaient pas les estimations données, note un collectionneur. Mais il faut que les gens aient la possibilité de rêver et ce, à l’aide de prix attractifs. » La Feuille d’études de têtes de lionne (1827) d’Eugène Delacroix qui ornait la couverture du catalogue s’est tout de même vendue 136 850 euros, quasiment au double de son estimation haute. En seconde partie de vente, Artcurial a aussi ravalé Deux soldats marocains endormis dans un corps de garde à Meknès (1832), aquarelle gouachée de Delacroix estimée au minimum 120 000 euros, et un important pastel de Jean-Louis Forain, La Lettre et l’absinthe (vers 1885), estimé 90 000 euros malgré un état imparfait. À Drouot se sont enchaînées trois vacations, plus modestes mais non dénuées de charme. Chez Piasa par exemple, Le Passage du Styx, une aquarelle gouachée de Charles Frédéric Soehnée, a été emportée 21 100 euros, soit quatre fois son estimation.
SVV Tajan, 25 mars
Estimation : 100 000 euros
Résultat : 96 200 euros
Nombre de lots vendus/invendus : 38/19
Lots vendus : 67 %
Sotheby’s, 25 mars
Estimation : 1,1 million d’euros
Résultat : 2 millions d’euros
Nombre de lots vendus/invendus : 75/23
Lots vendus : 76,5 %
Piasa, 26 mars
Estimation : 350 000 euros
Résultat : 467 500 euros
Nombre de lots vendus/invendus : 159/95
Lots vendus : 62,5 %
Maigret, 27 mars
Estimation : 200 000 euros
Résultat : 181 500 euros
Nombre de lots vendus/invendus : 138/117
Lots vendus : 54 %
Artcurial, 27 mars
Estimation : 1,1 million d’euros
Résultat : 710 300 euros
Nombre de lots vendus/invendus : 55/40
Lots vendus : 58 %
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Un bon « cou »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°301 du 17 avril 2009, avec le titre suivant : Un bon « cou »