Deux ventes d’art contemporain à Drouot, chez Me Tajan le 29 avril et chez Me Loudmer le 28 avril, ont dressé un état des lieux du marché, encore mi-figue mi-raisin. Certains résultats sont d’un bon niveau, mais les cotes restent irrégulières, et les pièces proposées souvent de second rang.
PARIS. "Une vente test" destinée à jauger la vigueur du marché, telle était selon François Tajan cette première vacation de l’année consacrée à l’art contemporain par l’étude Tajan le 29 avril. Les grands courants étaient représentés avec l’Abstraction française (Hartung, Estève, Fautrier, Bryen), Cobra (Alechinsky), les Nouveaux Réalistes (Arman, César, Niki de Saint-Phalle, Raynaud), et des œuvres de Dubuffet, Dado, Hélion, Michaux, Rauschenberg. Si les noms étaient connus, les œuvres étaient de qualité inégale. La vente a produit un total de près de 5,5 millions de francs, sur une estimation de 6 à 7 millions de francs, avec 80 % de lots vendus. D’horizons variés, les acheteurs étaient américains, italiens, belges, hollandais, espagnols, français. La plupart des pièces ont été cédées dans la fourchette des estimations, très raisonnables, mais les dépassant rarement. L’enchère la plus élevée a porté sur un mobile de Calder de 1969, adjugé 700 000 francs, le montant de l’estimation basse, suivie de près par Paysage sombre III de Jean Fautrier, une huile sur papier marouflée sur toile de 1948, adjugée 510 000 francs.
Cotes constantes
La Promenade de Vénus de Matta (1966) a remporté 370 000 francs, et une huile d’Alechinsky de 1960, 280 000 francs. Une huile d’Atlan de 1959 a été vendue à la baisse 290 000 francs, sur une estimation de 350 à 450 000 francs, tandis qu’un Petit Arlequin à la cage de Clavé, peint en 1948-1949, a été adjugé 160 000 francs. La Châtaigneraie à Labarthe de Rivière d’Estève (1934) a reçu l’enchère de 140 000 francs, et une huile de Bryen 42 000 francs. Une accumulation de tubes de peinture et de guitares brisées d’Arman a doublé son estimation haute à 122 000 francs, tout comme une encre de Chine de Michaux de 1960 à 120 000 francs. Un Duo à quatre mains d’Hélion (1979) a remporté 160 000 francs. Parmi les lots "rachetés" se trouvaient des œuvres de Rauschenberg, Niki de Saint-Phalle – Le Tombeau de Bugatti, 1962 –, César – Nu de la Belle de Mai, un bronze de 1959 –, Dado et Dubuffet – deux encres sur papier. Chez Me Loudmer, le 28 avril, une Composition de Nicolas de Staël, huile sur toile de 1949, a été enlevée à 830 000 francs (est. 550-650 000 francs) par un acheteur privé français. Cette enchère est encore très loin des sommets atteints en 1990 par les œuvres de cet artiste. Cependant, plusieurs lots ont dépassé l’estimation, comme une Composition de Geer van Velde (1950), 405 000 francs, un dessin à l’encre de Picasso, Tête d’homme (1970), 125 000 francs, Ostie (1957), une huile colorée de Charles Lapicque, 120 000 francs, ou encore El Picador, gouache et encre sur papier de Clavé, 152 000 francs. Deux œuvres sur papier de Léger et de Basquiat ont été rachetées. Les autres pièces affichaient des cotes constantes : une huile de Saura de 1959, 350 000 francs, Le nu rouge de Gérard Garouste, une huile de 1982, 174 000 francs, un Nu sur fond noir de Fautrier, 80 000 francs. Enfin, un dessin à l’encre de Chine de Miró (1971) était adjugé 54 000 francs, et un collage de papier de verre d’Arroyo, Parmi les peintres (1975), 125 000 francs.
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Un bilan encore mitigé
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°39 du 30 mai 1997, avec le titre suivant : Un bilan encore mitigé