L’ébullition du marché a conforté un art chinois pour export, comme ce fut le cas autrefois avec les céramiques de la Compagnie des Indes. « Ces vingt dernières années, les artistes chinois et leurs œuvres ont été passivement contrôlés par des collections de l’Ouest, remarque Victoria Lu, directrice du MOCA (Museum of Contemporary Art) de Shanghai dans le nouveau magazine d’art chinois Artzine. Leurs connaissances limitées et leur goût pour l’exotisme ont nuit à l’art contemporain chinois. » Un jugement que partagent la galeriste et collectionneuse Pearl Lam : « Pourquoi des artistes qui vivent luxueusement continuent-ils à faire un art politique à Pékin ? C’est pour plaire aux étrangers ». Si certains ressassent les mêmes formules, d’autres affichent un goût pour la productivité. « Je veux produire dix fois plus que Picasso. Ce qui semble possible car j’ai cent personnes qui tous les jours travaillent dans mes deux ateliers », nous a indiqué l’artiste Zhan Huan. L’échange de bons procédés est un sport national et les musées n’y échappent pas. Fonctionnant sur le donnant-donnant, ils se montrent du coup peu sélectifs dans le choix des artistes. « En Chine, ce sont les galeries qui de plus en plus jouent un rôle de musée. Du côté des musées, c’est plus commercial », convient le galeriste Xin Dong Chen. Une génération plus intéressante pourrait cependant émerger des nouvelles formations artistiques. Le marchand Pierre Huber vient ainsi de soutenir financièrement une classe dédiée aux nouveaux médias, créée par l’artiste Zhan Peili à l’école des beaux-arts de Hanzhou, au sud de Shanghai. Certains artistes commencent aussi à prendre leurs distances face au marché. Malgré son succès, Liu Xiao Dong a choisi de ne rien vendre pendant un certain temps. De leur côté, Liu Wei, Lin Tianmiao et Wang Gongxin envisagent de construire un grand temple dans la banlieue de Pékin. Pour distiller du spirituel dans l’art ?
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Un art pour export ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°244 du 6 octobre 2006, avec le titre suivant : Un art pour export ?