Christie’s disperse le 27 octobre le contenu de l’appartement parisien d’un magnat américain de l’informatique. L’ensemble estimé entre 1,6 et 2,2 millions d’euros a été réuni sur environ cinq ans, au gré d’achats effectués pour la plupart en France. Dans cet intérieur du XVIe arrondissement, agencé par le Colombien Juan Montoya, il est difficile de distinguer la part de l’amateur de l’œil du décorateur. Le décoratif monacal, version Christian Liaigre, côtoie l’Art déco assagi d’un Ruhlmann ou d’un Dupré-Lafon. Parmi les pièces un peu plus relevées, on remarque un paravent en laque noir et or de Katsu Hamanaka qui pourrait bien décrocher son estimation haute de 70 000 euros. L’objet le plus énigmatique est un bas-relief en marbre rose de Léon Indenbaum acheté 100 000 dollars chez Sotheby’s en 2000 et aujourd’hui proposé pour 100 000-150 000 euros. On ne sait que peu de chose de ce marbre d’inspiration bucolique, si ce n’est une vieille histoire – que ne vient conforter aucun document – selon laquelle le couturier Poiret l’aurait directement commandé à l’artiste.
Dans cette collection sans surprises, « décorativement correcte », on s’étonne pourtant de trouver des peintures de l’école de Paris, notamment un Poliakoff de 1953 estimé 150 000-180 000 euros. Les collectionneurs américains de cet artiste doivent se compter aujourd’hui sur les doigts de la main ! On est tout autant surpris que Christie’s ait choisi de le garder pour sa vente londonienne de février 2005 plutôt que de le céder sur le marché français, a priori plus idoine. Rappelons que l’écurie de François Pinault avait vendu en avril 2003 un Poliakoff de 1969 pour 360 250 euros et en mai dernier une composition de 1959 à 156 750 euros. « Il est préférable de le vendre à Londres, dans une vente de tableaux que dans une vente d’art décoratif où l’on risque de ne pas toucher tous les amateurs de Poliakoff », explique Sonja Ganne, responsable du département arts décoratifs du XXe siècle chez Christie’s. L’idée était aussi de ne pas mettre ce tableau en compétition avec une autre huile de 1967 que la vente généraliste d’art moderne et contemporain du 2 décembre affichera pour 250 000-350 000 euros.
Collection d’un amateur du XXe siècle, 27 octobre, Christie’s, PARIS, 9 avenue Matignon, VIIIe, tél.01 40 16 85 85, www.christies.com
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Un Américain à Paris ou l’Art déco très light
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°562 du 1 octobre 2004, avec le titre suivant : Un Américain à Paris ou l’Art déco très light