Passé par Londres avant Paris, le spécialiste en art impressionniste et moderne part à Los Angeles pour y superviser la stratégie de développement de Sotheby’s.
Sur la Côte ouest, il y avait un vrai manque d’expertise concernant l’art impressionniste et moderne, dont sont férus les Américains. S’il y avait un Monet ou un Picasso important là-bas, il n’y avait personne pour donner une idée précise de sa valeur et de la configuration du marché au collectionneur. Tout passait par New York. En m’implantant sur la Côte ouest, l’idée est de se rapprocher des très nombreux grands clients basés en Californie afin de leur fournir un service beaucoup plus réactif. Ce sont des collectionneurs très sophistiqués, établis depuis très longtemps, qui connaissent parfaitement la qualité de ce qu’ils ont mais pas forcément la valeur dans le marché actuel. Los Angeles n’est effectivement pas un lieu de ventes aux enchères et il n’y a pas de volonté pour le moment que cela le devienne (cela l’était jusqu’au début des années 2000 pour le vin et les voitures). Comparativement à Paris, qui est certes un lieu de ventes et dont l’équipe comprend 120 personnes, les bureaux de Los Angeles et San Francisco emploient moins de 30 personnes au total, alors que les ressources et les potentialités économiques de la Californie et la puissance des collectionneurs y sont plus importantes.
Je ne l’ai pas accepté, c’est moi qui l’ai demandé ! D’abord parce que vivre en Californie est un rêve que je caresse depuis longtemps. Ensuite c’est pour des raisons stratégiques, car je pense que Sotheby’s doit se réinventer. Elle n’a pas tout à fait trouvé sa vocation et son identité dans un périmètre aussi important que la Californie. Ce n’est pas parce que Sotheby’s ne fait pas de ventes à Los Angeles que son bureau doit fonctionner comme un bureau « provincial ». Ce ne doit pas être seulement une extension de New York mais un pivot, une plateforme d’art, ce qui implique des relations de collaboration avec les musées, les collectionneurs, les marchands, les artistes.
Localement, je suis président de Sotheby’s sur la Côte ouest ; en interne, je garde mon rôle d’expert senior en art impressionniste et moderne. Je ne dirige plus les ventes du soir à Londres dans cette spécialité et n’ai plus de responsabilité quant au résultat de ces ventes. Je vais essentiellement rencontrer les collectionneurs pour les convaincre de vendre leur tableau chez Sotheby’s à Londres ou à New York. Avec un spécialiste sur place, nous serons beaucoup plus efficaces pour « sortir » des œuvres.
Depuis mai 2017, la France est perçue depuis l’étranger comme entrant dans un cycle de développement prometteur que tout le monde regarde et que certains envient. Depuis que j’ai quitté la ville en 2015 pour rejoindre Londres, Paris a bombé le torse et je m’en réjouis car je crois énormément à cette place comme centre d’art et lieu de ventes. Paris est une excellente école, nous sommes obligés de toucher à tout. C’est ce que je vais retrouver à Los Angeles.
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Thomas Bompard , président de Sotheby’s west coast : à la conquête de l’Ouest
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°501 du 11 mai 2018, avec le titre suivant : Thomas Bompard , président de Sotheby’s west coast : à la conquête de l’Ouest