Tefaf continue son ascension et accueille cette année 274 exposants dont les pièces chaque année plus spectaculaires attirent les acheteurs les plus importants.
Il faudra être en forme pour parcourir les 274 stands de The European Fine Art Fair (Tefaf), répartis sur environ 30 000 m2. Jamais la foire qui s’autoproclame la plus grande au monde, n’aura accueilli autant de participants depuis sa création en 1975. Peu à peu, elle a gravi les échelons, jusqu’à devenir un véritable mastodonte, absorbant toutes les disciplines et concentrant les plus grands marchands d’art et d’antiquités du monde. « Son succès repose sur un cercle vertueux : les exposants gardent leurs meilleures pièces pour Tefaf. Les acheteurs professionnels et privés les plus importants au monde le savent et y viennent pour ça. Or, comme les meilleurs acheteurs font le déplacement, alors les exposants amènent leur meilleures pièces et ainsi de suite », explique Robert Aronson, président par interim (Ben Janssens étant absent pour problème de santé). À l’origine, Tefaf n’était qu’une petite foire trimestrielle à Maastricht, Pictura Art Fair, d’environ trente exposants spécialisés en tableaux anciens et sculptures. En 1978, toujours à Maastricht, est créé le salon Antiqua, réunissant une quarantaine de galeries principalement de livres anciens. Les deux manifestations se regroupent en 1985, mais c’est seulement en 1988 que la foire prend son nom actuel et s’établit définitivement dans le centre d’exposition de Maastricht (MECC). À l’époque, ce n’est qu’une foire régionale, plutôt spécialisée. Pour Bob Haboldt, présent depuis sa création, « la forte conjoncture de l’Allemagne se ressentait vraiment et les Allemands avaient beaucoup d’intérêt pour les tableaux anciens ». Le traité européen de 1992 va donner un coup de projecteur sur Maastricht. À partir de 1994, des expositions de grande qualité sont organisées, incitant les conservateurs des plus grands musées et les spécialistes à faire le déplacement. En 2001, le cap des 200 exposants est franchi et en 2006, la fréquentation de la foire atteint des sommets avec 86 000 visiteurs. Depuis, les aléas météorologiques et l’augmentation du prix d’entrée ont fait redescendre ce chiffre. L’an passé, ils étaient tout de même un peu plus de 70 000 à fouler le sol du MECC.
Dans son désir de représenter toutes les spécialités, et après l’arrivée de la joaillerie et des antiquités classiques, la foire s’ouvre au XXe siècle et à l’art asiatique en 2006. En 2009, une nouvelle section est créée, Tefaf design, pour répondre à un besoin réel, puis la photographie fait son entrée. En 2010, c’est la section Works on paper qui naît. Puis c’est au tour de la section Showcase, une plateforme accueillant six jeunes marchands issus de différentes spécialités, apportant un peu de sang neuf à la foire. Pour l’édition 2014, la galerie Mathivet (Paris) a été conviée. « Nous sommes fiers d’avoir été sélectionnés par [nos] pairs. C’est l’aboutissement d’un travail rigoureux et remarqué », précisent les galeristes. Ils proposent des pièces de Jacques-Emile Ruhlmann, « artiste si important et pourtant absent jusqu’alors de Maastricht ».
Une foire généraliste
Pour sa 27e édition, la foire de Maastricht reçoit donc 274 exposants (dont seize nouvelles enseignes), venus de vingt pays différents, aussi bien d’Europe que des États-Unis, de Corée, de Suède et d’Uruguay. Les Français, au nombre de 33, accueillent cinq nouvelles enseignes. Désireuse d’intégrer toutes les disciplines et d’asseoir sa domination, Tefaf semble à son apogée pour l’édition de 2014, puisqu’aucune nouvelle spécialité n’est recensée parmi les sept sections principales qui la composent.
Celle des peintures anciennes constitue historiquement le noyau dur de la foire. Elle regroupe 60 exposants, avec huit Français dont deux nouveaux (Galerie Talabardon & Gautier et Galerie Florence de Voldère) et vingt galeries britanniques. Dans ce domaine de collection, on découvre chaque année des chefs-d’œuvre à plusieurs millions d’euros, comme en 2011, avec Portrait d’homme de Rembrandt proposé par Otto Naumann (États-Unis) à 34 millions d’euros. Cette année, Bijl-van Urk BV (Autriche), montre pour sa première participation un tableau de Jan Brueghel l’Ancien, La Tentation de Saint Antoine, vers 1595 ; Bernheimer-Colnaghi (Allemagne) présente une œuvre de Bernardo Strozzi (1581-1644), La Vierge, l’Enfant et saint Jean-Baptiste ainsi qu’un tableau de Jusepe de Ribera (1591-1652), Saint Jacques le Majeur ; quant à la galerie Sarti (Paris), elle expose Judith avec la tête d’Holofernes, vers 1620-1630, de Matteo Loves.
La section « antiquités et objets d’art » constitue le deuxième pôle important de Tefaf et regroupe 110 marchands, dont douze Français et parmi eux, deux nouveaux. C’est le cas de la galerie Aveline, ravie de cette première participation : « certains clients n’ont plus le temps de prospecter dans les galeries. Pour toucher cette clientèle-là, il faut être présent sur les foires internationales. Or Tefaf est la plus grande dans notre secteur », confie Marella Rossi, qui s’est associée pour l’occasion à Christophe de Quénetain. Ce dernier avait participé à Showcase en 2012 : « la passerelle existe vraiment ! ». Ils présentent un canapé « à la Reine » en bois doré d’époque rocaille, collection de Monsieur et Madame Louis Burat, dont le petit frère est conservé au Musée du Louvre.
La section « antiquités classiques » regroupe onze exposants, dont un nouveau venu, Jean-Pierre Montesino (galerie Cybele, Paris). Spécialisé en art égyptien, les organisateurs ont souhaité développer ce département, peu représenté jusqu’alors, excepté par la galerie Harmakhis (Bruxelles). De même, pour étoffer la section d’art tribal, ils ont demandé à Didier Claes (Bruxelles) de venir la renforcer, aux côtés de Bernard de Grunne (Bruxelles) et Anthony Meyer (Paris). Les autres sections se composent du Design (dix exposants dont trois Français), de l’Art moderne (52 marchands dont sept Français) et de la section Works on paper, accueillant dix-sept exposants et deux parisiens, la galerie Antoine Laurentin, qui présente un ensemble d’œuvres sur papier d’Henri Michaux des années 1950-1970 et la galerie Tanakaya, qui expose des artistes japonais.
Tefaf, qui n’en finit plus de s’étendre, n’ira cependant pas en Chine comme elle l’avait envisagé. Le projet est annulé, faute d’avoir su séduire les marchands, dont beaucoup ne souhaitaient pas reverser un pourcentage des ventes à Sotheby’s, partenaire du projet.
Du 14 au 23 mars au MECC (Maastricht Exhibition and Congress Centre), Forum 100, Maastricht, Pays-Bas, www.tefaf.com
Titre original de l'article du Journal des Arts n°408 : « Tefaf, toujours plus haut »
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TEFAF ouvre en fanfare
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°408 du 28 février 2014, avec le titre suivant : TEFAF ouvre en fanfare