En dépit d’une fréquentation en baisse et de l’absence de grands chefs-d’œuvre, la dernière édition de Tefaf a enregistré de très belles transactions.
La 30e édition de Tefaf (The European Fine Art Fair) de Maastricht, la plus grande foire d’art et d’antiquités au monde, a fermé ses portes le dimanche 19 mars dans une impression générale plutôt positive, même si les exposants ont remarqué moins d’enthousiasme de la part des collectionneurs et que le nombre de visiteurs s’est avéré être en baisse (- 5,3 %). Pour Anthony Meyer, spécialiste de l’art océanien et eskimo, « cette baisse de fréquentation a cependant été compensée par des visiteurs intéressés et acheteurs ». Quant à Xavier Eeckhout, spécialisé dans la sculpture animalière qui participait pour la première fois à la manifestation, il était satisfait de cette nouvelle expérience : « J’ai vendu dix pièces sur seize, dont la Panthère, de Pompon, à un Suisse (prix demandé : 550 000 euros). J’ai également rencontré quatre nouveaux clients et noué énormément de contacts. On peut regretter toutefois un manque d’Américains alors que c’est un salon international. Il faut dire aussi qu’avec la Tefaf qui s’est implantée à New York, ils ont moins de raisons de venir à Maastricht. »
Des appréciations diverses
Esthétiquement, la foire est toujours aussi chic et continue d’être organisée de main de maître. Il fallait toutefois une bonne résistance physique pour parcourir les 30 000 m2 d’exposition et les 270 stands répartis en sept sections : tableaux anciens, antiquités, archéologie, art moderne, design, art tribal et, un peu isolé à l’étage, le bloc Works on Paper. Il y avait tant à voir qu’on ne savait où donner de la tête. En effet, les marchands gardent leurs plus belles pièces spécialement pour cette manifestation, car ils ne sont pas sans savoir que les conservateurs des plus grands musées de la planète se rendent sur place pour enrichir leurs collections.
Du côté des négociations, d’un stand à l’autre et surtout d’une spécialité à l’autre, les sons de cloche pouvaient être bien différents. Si les marchands de peinture ancienne, une soixantaine en tout, ont bien vendu grâce notamment à la présence des musées américains, les choses étaient plus difficiles pour certains marchands d’art moderne. « Je pensais que ce serait beaucoup plus dynamique, car les ventes publiques, qui se sont déroulées une semaine avant à Londres, ont fait des étincelles. Mais je me suis trompé », a rapporté Charly Bailly.
Raréfaction des chefs-d’œuvre
Si, par le passé, de grands noms étaient visibles sur la foire, comme en 2002 avec Minerve de Rembrandt (35 millions d’euros) et en 2011 avec Portrait d’homme mains sur les hanches du même artiste (41 millions d’euros) – les deux tableaux apportés par Otto Naumann –, rien de semblable n’était montré en 2017. Pourtant, des œuvres de haute qualité étaient disséminées dans chacune des sections. Sur le stand de la Galerie Kugel, on pouvait admirer deux sculptures de Massimiliano Soldani-Benzi, Les Lutteurs et l’Arrotino, commandées par le duc de Marlborough au XVIIIe siècle et installées à Blenheim Palace. « Il n’y a jamais eu de sculpture aussi importante sur la foire. Nous avons eu des touches et même des offres refusées », a expliqué, un peu déçu, Alexis Kugel. Il faut dire aussi que le prix était astronomique (entre 20 et 25 millions d’euros).
Sur le stand de la Galerie Aaron, il fallait s’arrêter devant une terre cuite représentant la Vierge assise tenant l’Enfant Jésus sur ses genoux, de Gervais Delambre, fin XVIe-début XVIIIe, qui a conservé sa polychromie d’origine. Chez Talabardon & Gautier, ce sont les Forges d’Abainville, de Bonhommé qui ont été vendues à un industriel. « Ce tableau est plus qu’un document, c’est la première représentation “moderne”. Cela faisait trente-cinq ans que nous recherchions un Bonhommé », a indiqué Bertrand Gautier, intarissable sur le sujet. D’autres œuvres remarquables garnissaient les stands comme L’Autoportrait au turban, de Vaillant chez Canesso, vendu dès l’ouverture de la foire, ou une nature morte de Cavarozzi accrochée sur les cimaises de la Galerie Colnaghi et cédée pour 5 millions d’euros. John Endlich Antiquairs (Pays-Bas) s’est aussi dessaisi d’une maison de poupées (prix demandé : 1,8 million d’euros), tandis que la Galerie Landau (Montréal) s’est délestée d’un tableau de Jean Dubuffet, Henri Michaux, acteur japonais, 1946 (autour de 6 millions d’euros).
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Tefaf : des transactions satisfaisantes en 2017
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°701 du 1 mai 2017, avec le titre suivant : Tefaf : des transactions satisfaisantes en 2017