La célèbre fonderie d’art Susse Frères, à Arcueil, au sud de Paris, a été mise en redressement judiciaire par le tribunal de commerce du Val-de-Marne à Créteil, le 10 novembre.
PARIS - Susse Frères se voit accorder un sursis. Grâce au jugement du tribunal de commerce de Créteil, la fonderie échappe au sort qu’a connu la non moins célèbre fonderie Georges Rudier, mise en liquidation judiciaire l’année dernière, et dont une partie du fonds de plâtres et de sculptures a été dispersée aux enchères à Nanterre, le 20 octobre, par Me Anne Gillet-Seurat. La veille de la vente, vingt-six lots – des plâtres et des bronzes d’après Rodin – avaient été saisis dans le cadre des poursuites engagées contre le marchand Guy Hain, inculpé pour "contrefaçons d’art et escroqueries" (JdA n° 8, novembre).
Le 10 novembre, le tribunal de Créteil a nommé un administrateur pour la fonderie et lui a accordé un délai de trois mois, pendant lesquels la société n’a plus le droit de vendre ses biens immobiliers et voit ses dettes gelées.
La fonderie Susse Frères a fait état au tribunal d’un actif de 6 000 000 francs et d’un passif de 2 250 000 francs, principalement envers le Crédit Lyonnais, la BNP et l’URSSAF. Dirigée depuis 1983 par un Britannique, Charles Pineles, dont le père avait été le seul actionnaire de la fonderie, Susse Frères emploie vingt personnes et a des frais fixes de 800 000 francs par mois. Selon Charles Pineles, qui attribue ses difficultés financières principalement aux effets de la crise et à l’intransigeance de l’URSSAF – à laquelle la fonderie doit 310 000 francs –, les espoirs d’assainissement de sa société dépendent en partie de la finalisation de plusieurs ventes importantes, en négociation depuis trois mois au Japon et en Asie du Sud-Est.
Créée en 1758, la fonderie Susse Frères était installée place de la Bourse à Paris, entre 1838 et la fin du XIXe siècle, avant de transférer son centre production dans le Val-de-Marne. Très prospère au siècle dernier, Susse Frères doit surtout sa réputation aux grands artistes du XXe siècle qui y ont travaillé. Parmi ces derniers figurent Alberto et Diego Giacometti, Arp, Bourdelle, Brancusi, Butler, Chagall, Ernst, Hepworth, Matisse, Miró, Henry Moore, Picasso, Renoir, Richier, Rodin et Zadkine.
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Susse Frères en redressement judiciaire
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°9 du 1 décembre 1994, avec le titre suivant : Susse Frères en redressement judiciaire