Du 31 mars au 3 avril, Art Paris peaufine son identité grâce à l’arrivée de nouvelles galeries modernes.
PARIS - L’évolution des foires tient parfois à peu de chose. Quand certains événements multiplient les effets de manche entre nouveaux logos et sectorisation outrancière, Art Paris bascule tout simplement d’octobre à mars. Une option payante car, en cessant de jouer à l’auto-tamponneuse avec la Foire internationale d’art contemporain (FIAC), « l’ex-Salon des refusés » a pu rallier vingt bonnes galeries en moderne et contemporain classique. La venue de Louis Carré & Cie, de la Galerie 1900-2000 et de Baudouin Lebon ou le retour de Michel Durand-Dessert (Paris) promettent de relever de plusieurs crans le niveau. Malgré cette arrivée en commando, le taux de renouvellement de 23 % reste dans la moyenne habituelle du salon. En cela, Art Paris ne déroge pas à sa politique de bonification en douceur. « Les galeries qu’on ne souhaitait pas ne se sont tout naturellement pas porté candidates. C’est bien de faire évoluer les choses, mais il ne faut pas maltraiter les gens », souligne Henri Jobbé-Duval, directeur d’Art Paris. Pour convaincre leurs confrères étrangers de les rejoindre, les nouvelles recrues exigeront peut-être à l’avenir un élagage plus drastique qu’homéopathique. L’éventuel ticket d’entrée au Grand Palais pourrait vaincre les réticences, mais les perspectives d’un tel déménagement semblent encore floues. « En changeant de date, on a toutes les raisons objectives d’y accéder car on a un format (6 000 m2) qui s’y prête, remarque Henri Jobbé-Duval. Il y aurait des travaux de sécurité à mener qui ne semblent pas faciles. Toute la profession s’agite, mais on est encore dans l’expectative... »
Public curieux et classique
Toute entorse à l’échiquier des foires a son effet domino. L’incursion d’Art Paris dans la case printanière ne fait du coup pas l’affaire du Pavillon des antiquaires des Tuileries (2 au 10 avril). D’anciens exposants des Tuileries comme Louis Carré & Cie ou Carole Brimaud ont ainsi tranché en faveur d’un Carrousel, plus économique. Michel Zlotowski (Paris) opte, lui, pour le doublon en présentant sur Art Paris des œuvres sur papier du Corbusier (à partir de 4 500 euros) et au Pavillon un accrochage de peintures entre 10 000 et 200 000 euros. « On essaye de toucher deux clientèles différentes, indique Éric Mouchet, de la galerie Zlotowski. Celle du Pavillon est peut-être moins découvreuse qu’à Art Paris, mais peut-être plus internationale. »
C’est donc un public à la fois curieux et classique que les nouveaux venus d’Art Paris chercheront à séduire. « C’est ciblé très français. J’ai des clients qui y vont très régulièrement, qui cherchent des choses pas très fashion », confirme la galeriste Anne Lahumière (Paris), laquelle accrochera une huile d’Herbin (120 000 euros) et une autre d’Aurelie Nemours (50 000 euros). « Il faut montrer des pièces à des prix abordables, entre 5 000 et 20 000 euros », précise de son côté Marc Larock, de la galerie Larock-Granoff (Paris). Connue pour sa ligne minimaliste, la galerie Oniris (Rennes) joue plutôt la carte « peinture » avec une exposition personnelle de Pierre Antoniucci (de 80 à 12 000 euros) et une sélection d’œuvres de Pincemin et Viallat. Peintures encore et toujours sur les cimaises de la galerie Di Meo (Paris) avec des tableaux récents de Michel Haas (entre 8 000 et 12 000 euros) et des œuvres sur papier de Wols, Twombly et Fautrier. La galerie Samy Kinge (Paris) troque enfin sa casquette Victor Brauner, trop onéreuse pour le salon, pour un ensemble de Nouveaux Réalistes avec notamment Radio Drawing (1960), une sculpture de Jean Tinguely (45 000 euros) et des collages de Jean-Pierre Raynaud (environ 5 000 euros).
Faute de proposer une section contemporaine affûtée, Art Paris semble vouée à devenir une bonne foire moderne, complémentaire de la FIAC qui prend le pli contemporain. Verra-t-on progressivement une répartition des exposants entre les deux salons ? Pour le moment, les nouveaux venus d’Art Paris ne comptent pas déserter la porte de Versailles. Deux enseignes contemporaines se sont d’ailleurs dérobées à l’invitation d’Henri Jobbé-Duval, craignant une sanction de la FIAC. « J’ai bien réfléchi avant d’accepter, mais à la FIAC on m’a régulièrement mise sur liste d’attente, note Yvonne Paumelle, directrice de la galerie Oniris. L’an dernier, on m’a prise au dernier moment quand le MIGA [Musée Imaginaire des Galeries d’Art] a été annulé. Ceci étant dit, j’espère que ma participation à Art Paris ne les empêchera pas de me reprendre. » Faute de développer une section moderne vraiment internationale, la FIAC aurait mauvaise grâce à s’aliéner sa base française.
31 mars-3 avril, Carrousel du Louvre, 99, rue de Rivoli, 75001 Paris, tél. 01 43 16 48 41, 31 mars et 2 avril 11h-20h, le 1er avril 11h-22h, le 3 avril 11h-19h.
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Sur le chemin du renouveau
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°211 du 18 mars 2005, avec le titre suivant : Sur le chemin du renouveau