Succès pour l’art premier

Deuxième vente dans cette spécialité à la galerie Charpentier

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 2 mai 2003 - 453 mots

Les collectionneurs d’art tribal européens et américains se sont montrés très actifs le 16 avril chez Sotheby’s, qui orchestrait sa deuxième vacation du genre à Paris. Malgré de bons résultats, le clou de la vente est resté invendu.

PARIS - Le 16 avril, Sotheby’s a réalisé sa deuxième vente d’art tribal dans la capitale. 88 % des lots d’art africain, océanien et précolombien, qui composait l’essentiel de la collection d’un amateur européen, ont trouvé preneurs. Les collectionneurs privés européens, américains et canadiens ont bataillé pour les plus beaux lots, multipliant souvent les estimations par trois, cinq, voire dix.
Estimé 30 000 euros, un masque-heaume de la tribu Mambila du Nigéria, de forme massive et anthropomorphe, à la large mâchoire supérieure découvrant une série de dix-neuf dents, a réalisé le prix le plus élevé de la vente, soit 106 125 euros.
Un tabouret Luba, estimé 30 000 euros, à patine claire et foncée et dont l’assise repose sur une caryatide parée de colliers en perles de verre, a été adjugé 41 500 euros. Les enchères pour les lots de poupées Dowayo du Cameroun, parées de colliers de perles multicolores, ont remporté un vif succès en raison de leur rareté, de leur ancienneté et de leur état de conservation. Un groupe de cinq poupées encapsulées de bijoux a notamment été emporté pour 37 975 euros contre une estimation de 5 000-7 000 euros. Seule ombre au tableau : une grande statue d’ancêtre Hemba du Congo, le clou de la vente, estimée 150 000-250 000 euros, est restée invendue.
La partie océanienne de la collection n’a pas démérité puisque les 27 lots, principalement des ornements du Pacifique en ivoire ou en coquillage, ont tous été bien vendus et plus particulièrement les ka kap, ornements pectoraux des îles Salomon et de Nouvelle-Irlande. Le plus cher d’entre eux, estimé 3 000 euros, a atteint 12 600 euros. Un beau masque de la rivière Ramu de Nouvelle-Guinée, en forme d’amande et recouvert à certains endroits de pigments, a été âprement disputé par une douzaine d’enchérisseurs pour s’envoler à 33 275 euros, soit dix fois son estimation.
Les pièces du Mexique ont également suscité les convoitises. Un grand et surprenant squelette en terre cuite assis les bras croisés sur ses genoux repliés, originaire de Veracruz vers 550-950 ap. J.-C, a été acquis par un musée européen pour 73 225 euros, quintuplant son estimation haute.
Une urne figurative zapotèque de Monte Albán, vers 300-600 ap. J.-C., représentant une femme assise au visage serein supportant une volumineuse coiffure, est partie à 18 000 euros. Le masque Teotihuacán en tecali et la statue massive Chontal ont tous deux été vendus au double du prix attendu, respectivement à 36 800 et 37 975 euros.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°170 du 2 mai 2003, avec le titre suivant : Succès pour l’art premier

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