Succès phénoménal pour l’art contemporain consacré à Londres le 27 février chez Sotheby’s. Après Bacon, Fontana a franchi la barre des 10 millions de livres sterling.
LONDRES - Le 27 février, la vente du soir d’art contemporain à Londres chez Sotheby’s a marqué une nouvelle étape dans l’histoire des ventes publiques. Avec un produit de 95 millions de livres sterling (125 millions d’euros), il s’agit d’un record dans cette spécialité en Europe. À l’exemple de ce qui se fait déjà à New York, la maison de ventes avait pour la première fois à Londres dédié une semaine entière à l’art contemporain, à trois semaines d’intervalle de la session londonienne d’art impressionniste et moderne, observant de moins en moins de cross-over entre les deux domaines de collection. Elle a estimé que l’art contemporain avait pris un poids considérable en valeur et en nombre de collectionneurs, au point de lui consacrer davantage de temps, d’espace et d’énergie. Elle avait convié sa rivale Christie’s à en faire de même, mais cette dernière a décliné la proposition. « Les collectionneurs qui sont venus pour notre session commune d’art moderne et contemporain ne reviendront pas tous trois semaines plus tard chez notre concurrent. Et si Sotheby’s a démarré son exposition en même temps que la nôtre, c’est bien la preuve qu’ils ne sont pas si sûrs d’eux », ergotait un porte-parole de Christie’s au lendemain de ses propres vacations. C’était avant de constater les prouesses de Sotheby’s.
La présence moins marquée des Américains chez Sotheby’s (comme chez Christie’s trois semaines auparavant) a largement été compensée par la frénésie des achats européens. Le prix moyen du lot pour la vente du soir est monté à près de 1,7 million de livres (2,2 millions d’euros), en augmentation de 54,5 % depuis la dernière vente londonienne du 21 juin 2007. « Ces excellents résultats étaient prévisibles car la vente de Sotheby’s était très solide, assure le courtier international Philippe Ségalot, basé à New York. Les estimations étaient élevées, mais pas stupides, car le marché qui est très sélectif, a apprécié la qualité et la fraîcheur des tableaux ». Les estimations les plus importantes portaient sur les deux tableaux phares de Francis Bacon et d’Andy Warhol, partis tous deux à leur estimation basse. Study of a Nude with Figure in a Mirror (1969) de Bacon est monté jusqu’au prix de 19,9 millions de livres, au profit d’un amateur européen au téléphone. Three Self Portraits (1986), triptyque majeur de Warhol, a été poussé jusqu’à 11,4 millions de livres (15 millions d’euros), sur une enchère de Philippe Ségalot pour le compte d’un client. Le courtier a aussi emporté, contre quatre autres enchérisseurs, Concetto spaziale, la fine di dio (1963), œuvre rarissime de Lucio Fontana qui s’est envolée au prix record de 10,3 millions de livres (13,5 millions d’euros), le double attendu ! Fontana est désormais le second artiste européen d’après-guerre à franchir la barre des 10 millions de livres aux enchères. Notons encore Kerze (Candle) (1983), tableau de Gerhard Richter vendu 7,9 millions de livres (10,4 millions d’euros), plus de trois fois son estimation haute. Sa provenance discrète, de l’entourage du peintre (d’après les rumeurs), ne serait pas étrangère à ce prix record.
La vente du lendemain chez Sotheby’s a confirmé la solidité du marché, cumulant 25 millions de livres de recettes (32,6 millions d’euros), au-dessus de l’estimation haute, pour 15 % d’invendus. Dans la foulée, les 27 et 28 février à Londres, Phillips de Pury enregistrait des résultats remarquables, en particulier pour une trentaine d’œuvres d’art contemporain russe provenant d’une fondation privée russe. Des records ont été atteints pour neuf artistes russes, dont Ilya Kabakov (2,9 millions de livres/3,8 millions d’euros) et Erik Bulatov (1 million de livres/1,4 million d’euros).
Sotheby’s Vente du soir, 27 février
- Expert : Cheyenne Westphal
- Résultat : 95 millions de/
livres (125 millions d’euros)
- Nombre de lots vendus
invendus : 56/14
- Lots vendus : 80 %
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Succès à Londres pour l'art contemporain
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Phillips de Pury
Vente du soir, 28 février
- Expert : Michael McGinnis
- Résultat : 21,9 millions de livres (28,6 millions d’euros)
- Nombre de lots vendus/invendus : 89/22
- Lots vendus : 80 %
Art contemporain russe, 29 février
- Expert : Ivgenia Naiman
- Résultat : 6,5 millions de livres (8,5 millions d’euros)
- Nombre de lots vendus/invendus : 34/5
- Lots vendus : 87 %
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°277 du 14 mars 2008, avec le titre suivant : Succès à Londres pour l'art contemporain