Spécialisé dans les objets de curiosité, Bertrand Dard a réuni plus de cent trente personnages de crèche, dont la tête et les membres sont en bois sculpté ou en terre cuite. Ces figurines du XVIIIe siècle, hautes de 10 à 40 cm, sont mises en scène dans un paysage montagneux de plus de cinq mètres de long. Réalisées par les plus grands sculpteurs napolitains, elles sont proposées entre 6 000 et 45 000 francs, ou l’ensemble pour 2,5 millions de francs.
PARIS - “Ces pastore ne doivent pas être confondus avec les santons de Provence”, avertit d’emblée Bertrand Dard. Bien que représentant toutes les classes sociales – aristocrates, bourgeois ou gueux –, ces figurines ont en effet été réalisées par des artistes renommés et non par des artisans. Nés des mains de Giuseppe Sanmartino (1720-1793), les nombreux anges en terre cuite (2 500 à 5 500 francs) sont de véritables chérubins.
Sanmartino, considéré comme l’un des chefs de file du mouvement, est aussi l’auteur des sculptures en marbre de la chartreuse de San Martino, à Naples. Les quatre Anges volants en bois (15 000 à 28 000 francs) ont été réalisés par ses élèves : Francesco Celebrano (1729-1814) et Angelo Viva (1748-1837). Tous se sont directement inspirés de la rue, donnant ainsi à leurs créations un réalisme des plus caravagesque. La Vierge en terre cuite (18 000 francs), réalisée à la fin du XVIIe siècle par un autre élève de Sanmartino, Salvatore di Franco, ressemble d’ailleurs plus à une paysanne qu’à la traditionnelle Immaculée Conception.
Du bois à la terre cuite
Ces figurines ont été mises à la mode par Charles III (1716-1788), roi de Naples et des deux Siciles, qui “fit sortir les crèches des églises vers les palais, où les Napolitains pouvaient venir les admirer”, explique le marchand parisien. C’est toutefois sous le règne de son fils, Ferdinand IV (1751-1825), que le phénomène a pris une ampleur considérable. Au point que les personnages en terre cuite, apparus dès 1730, ont supplanté de plus en plus souvent les santons en bois des débuts.
Mais si le matériau change, le sujet demeure le même : la vie à Naples au XVIIIe siècle, sous tous ses aspects. Les Rois mages et leur suite étaient directement inspirés des ambassades orientales qui commerçaient avec la cité de Campanie. Tel ce Roi maure de 46,5 cm, vêtu de soie, dont la tête est en terre cuite et les membres en bois sculpté, qui est attribué à Lorenzo Mosca (45 000 francs), ou cette Odalisque de 51 cm (38 000 francs), réalisée par Giuseppe Gori dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, ou encore cette Négresse allaitante du milieu XVIIIe (28 000 francs), “saisissantes de réalisme” et directement inspirées de la vie quotidienne.
Quoique la plus belle crèche napolitaine rassemble plus de trois mille personnages au Musée national de San Martino, celle du Metropolitan Museum à New York reste l’une des plus connues. Et si une de ces crèches est dans un musée monégasque, l’Hexagone en possède deux, conservées à Rouen et dans un autre musée de province.
CRÈCHE NAPOLITAINE DU XVIIIe siècle, exposition-vente jusqu’au 8 février, galerie Bagatelle, Louvre des antiquaires 3 allée Majorelle, 75001 Paris, tél. 01 42 60 26 60, du mardi au dimanche 11h-19h.
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Spectacle de fin d’année
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°51 du 3 janvier 1998, avec le titre suivant : Spectacle de fin d’année