Les deux plus importantes maisons de ventes aux enchères se retrouvent à nouveau sur un pied d’égalité. Après de nombreux déboires judiciaires, Sotheby’s se refait lentement mais sûrement une santé grâce à des mesures drastiques incluant licenciements et vente immobilière. En ce qui concerne les ventes, l’Europe présente des résultats surprenants compte tenu des avantages fiscaux aux États-Unis.
NEW YORK - Après avoir été à la traîne pendant deux ans, Sotheby’s a finalement rattrapé sa rivale Christie’s. Pour l’année fiscale s’achevant le 31 décembre 2002, les chiffres publiés ce mois-ci indiquent que Sotheby’s a gagné 1,77 milliard de dollars (1,62 milliard d’euros) grâce à ses ventes d’œuvres d’art, tandis que Christie’s a annoncé un total de 1,9 milliard de dollars. Mais les chiffres de cette dernière englobent les résultats des ventes privées, à hauteur de 120 millions de dollars. En ce qui concerne les ventes aux enchères, les deux sociétés se trouvent donc à égalité. C’est la première fois que Christie’s annonce ses résultats de ventes privées, soit, selon la porte-parole Andree Corroon, le reflet de l’importance grandissante de ces affaires pour la maison. En tant qu’entreprise privée, Christie’s ne publie ni ses pertes ni ses gains ; Sotheby’s a pour sa part déclaré une perte de 54,7 millions de dollars en 2002, soit plus qu’en 2001 (41,6 millions de dollars), mais bien moins qu’en 2000 (190 millions de dollars).
L’Europe, souvent perçue comme terrain défavorable pour le marché de l’art, a fait montre d’une santé inattendue : Christie’s a augmenté le nombre de ses ventes européennes en totalisant 890 millions de dollars (contre 790 millions de dollars en 2001) et Sotheby’s a rapporté “seulement” 814 millions de dollars (contre 723 millions de dollars en 2001). Aux États-Unis, Sotheby’s a réussi à obtenir 866 millions de dollars alors que Christie’s a dû se contenter d’un “modeste” total de 805 millions de dollars (contre 890 millions en 2001).
Les mesures prises par Sotheby’s afin de réduire ses frais de fonctionnement se sont révélées efficaces. Bill Ruprecht, président-directeur général de la holding, a d’ailleurs fait remarquer que cette restructuration avait permis d’économiser plus de 70 millions de dollars en 2002. Les ventes aux enchères en ligne sont mises de côté, réduisant ainsi les pertes sur le site Internet sothebys.com à 9,3 millions de dollars. Les licenciements économiques vont malgré tout se poursuivre ce trimestre en Europe avec une cinquantaine d’employés sur le départ, réalisant une économie de 4 millions de dollars.
La maison de ventes doit par ailleurs régler une amende de 45 millions de dollars au département américain de la Justice ainsi qu’une amende de 20,1 millions de dollars à la Commission européenne dans le cadre de l’affaire de collusion avec Christie’s. Sotheby’s a déjà récemment affecté 20 millions de dollars au règlement des poursuites civiles des clients qui avaient traité avec la maison en dehors du territoire américain. Grâce à la vente de ses quartiers généraux de York Street en décembre 2002 – désormais loués pour 18 millions de dollars par an –, et la provision des fonds dédiés aux paiements des diverses amendes, Sotheby’s semble sur la bonne voie pour équilibrer ses comptes. Si le chiffre d’affaires a augmenté de 10 % par rapport à l’année dernière, les 76,7 millions de dollars obtenus grâce à la vente du Massacre des Innocents de Rubens en juillet 2002 (lire le JdA n° 154, 13 septembre 2002 n’y sont pas étrangers. Hormis cette vente et le “taux de conversion favorable”, les ventes aux enchères ont augmenté de 2 % par rapport à 2001. Le prix moyen d’un lot est en hausse de 35 % pour atteindre 16 000 dollars, tandis que le total des lots vendus a baissé de 21 %. La compétition fait donc rage pour les rares œuvres qui restent en circulation, ce qui explique, selon le rapport annuel de Sotheby’s, la nette diminution des gains issus des commissions.
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Sotheby’s et Christie’s : bilan 2002
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°170 du 2 mai 2003, avec le titre suivant : Sotheby’s et Christie’s : bilan 2002