Sotheby’s vient de s’installer dans l’un des plus beaux immeubles de Tel-Aviv. Ses vacations pourront désormais se dérouler dans cet ancien hôtel particulier des années vingt, puisque l’adjudicateur y aura sa propre salle des ventes (jusqu’à présent, elles avaient lieu dans des hôtels). Outre ses qualités architecturales, la maison dispose d’un vaste espace de stockage, d’une galerie d’exposition et de salles de classe qui accueilleront les étudiants venus suivre les nouveaux programmes de formation. Sotheby’s entend ainsi partir à la conquête du marché israélien.
TEL-AVIV - “Pour fêter notre emménagement et commémorer le cinquantième anniversaire d’Israël, nous allons organiser de nouvelles ventes et aborder de nouveaux domaines”, a déclaré Rifka Saker, l’un des directeurs fondateurs de Sotheby’s Tel-Aviv. Au lieu des quatre vacations annuelles (deux Judaïca et deux de tableaux), six ventes auront lieu d’ici le 15 mai. “La première, que nous avons préparée avec l’Alma – homologue israélien de l’Association for Business Sponsorship of the Arts (Absa) en Grande-Bretagne –, s’intitule Arts Project Sponsorship”, poursuit-elle.
Cette collaboration avec l’Alma, qui “permet à Sotheby’s d’organiser des ventes dans tout le pays afin de réunir des partenaires financiers”, a vu le jour l’année dernière. Luke Rittner, directeur du marketing et de la communication de Sotheby’s Royaume-Uni et Europe et directeur fondateur de l’Absa, en est le promoteur. Il estchargé de la vente des vingt réalisations dans le domaine des arts plastiques et de la performance qui sont proposées le 17 janvier, en présence du ministre israélien des Finances, Jacob Neeman.
L’autre projet est la vente “Young Art 1998”, prévue le 29 janvier. “J’ai été contactée par Tal Danai, homme d’affaires et président d’ArtLink, qui m’a proposé d’exposer des travaux de jeunes diplômés des écoles d’art du monde entier”, ajoute Rifka Saker. ArtLink est un programme international qui a pour vocation de proposer aux jeunes acheteurs des œuvres réalisées par de “jeunes” artistes à des prix abordables. “Avec un jury composé de critiques, de conservateurs et de professionnels du monde de l’art, nous avons sélectionné quarante-cinq jeunes diplômés d’écoles telles que la Bezalel Art School de Jérusalem, la School of Visual Art de New York, la Glazunov Russian Art Academy de Moscou, ainsi que d’autres établissements au Japon, en Corée, en Amérique du Sud et en Europe de l’Est.”
Cette vente à but non lucratif, dont la moitié des bénéfices servira à couvrir les frais engagés et l’autre sera redistribuée aux artistes, est une première pour Sotheby’s. Rétrocéder la moitié du prix d’une œuvre à l’artiste correspond à une pratique en usage dans les galeries. Cette vacation pourrait donc conduire à redéfinir la frontière séparant galeries et ventes publiques. D’autant que les estimations sont volontairement basses – de 200 à 2 000 dollars (1 200 à 12 000 francs) – afin d’encourager de nouveaux acheteurs.
Avec les ventes de céramiques modernes et contemporaines ou encore celle de “cent ans de photographie en Israël”, ces initiatives témoignent d’une réelle confiance dans le développement du marché israélien, malgré la situation politique délicate du pays. Depuis toujours, Sotheby’s doit son chiffre d’affaires aux nombreux collectionneurs fortunés qui passent par Israël ou y vivent une partie de l’année : 8,5 millions de dollars (51 millions de francs) en 1996 (quatre ventes) et 7,5 millions de dollars (45 millions de francs) en 1997 (trois ventes). Un collectionneur allemand a acheté Villa sur le Wansee de Max Lieberman pour 173 000 dollars, et une lampe de Sabbat en argent créée par Sassoon a été adjugée 552 000 dollars à un collectionneur américain.
Selon Daniella Luxembourg, ancienne directrice associée de Sotheby’s, “les résultats de la dernière vente de tableaux montrent que les œuvres de bonne qualité exécutées en Israël se vendent bien et intéressent de nouveaux acheteurs privés israéliens”. Ce sont donc ces collectionneurs potentiels que Sotheby’s souhaite fidéliser. Ils ont, pour la plupart, construit leur fortune en Israël dans les industries technologiques de pointe. “Ces nouvelles ventes et nouveaux programmes devraient permettre au public de se familiariser avec l’art et l’amener à fréquenter les ventes aux enchères”, remarque Rifka Saker.
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Sotheby’s emménage à Tel-Aviv
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°52 du 16 janvier 1998, avec le titre suivant : Sotheby’s emménage à Tel-Aviv