Comment vous est venue l’idée d’organiser des ventes à thème ?
Nous avons pensé créer des ventes thématiques à l’automne 2008, au moment où la crise financière engendrait une baisse temporaire mais généralisée du volume des transactions sur le marché de l’art. L’idée était de créer des nouveautés pour redynamiser le marché, comme nous l’avions fait une première fois avec la vente « Kyobai » autour de la culture et l’art japonais contemporains. Cette vente, qui a eu lieu à Londres le 3 avril 2008, a été un succès commercial (avec 3,3 millions de livres sterling de produit de vente [3,9 millions d’euros]). Nous avons constaté qu’elle avait créé une activité incrémentielle en attirant des acheteurs et des vendeurs qui n’étaient pas forcément nos clients habituels. À l’automne 2009, nous avons inauguré une série de ventes thématiques avec, le 26 septembre à Londres, « Now » sur l’art du XXIe siècle, suivie (le 3 octobre à New York) de « Latin America », de « Music » (le 21 novembre à Londres) et enfin de « New York New York » (le 12 décembre à New York).
Combien de thèmes avez-vous lancés ?
Nous avons imaginé 18 ventes à thèmes dont certaines seront inaugurées en 2011. Au premier semestre 2010, de nouvelles ventes à thème sont apparues : « Sex », « Bric », « Africa », « Film » et « Italia ». Nous avons donc composé et dirigé neuf ventes thématiques différentes depuis 2009. Pour ces événements, nous avons publié un nouveau type de catalogue de ventes qui est une sorte de « magalogue » enrichi de parties éditoriales très développées, écrites par des artistes, conservateurs, collectionneurs…
Quelles réactions avez-vous enregistrées ?
Nous avons des échos très positifs parmi nos clients. Par l’originalité de nos thèmes, nous avons aussi attiré une nouvelle clientèle très enthousiaste, acheteuse comme vendeuse. L’effet « cross over » fonctionne très bien pour ce type de vacations. Cela a renforcé la visibilité de notre société et augmenté notre chiffre d’affaires.
Quelle vente a été la plus originale, la plus étonnante et la plus réussie ?
La vente « Music » a constitué une vraie innovation dans le sens où elle bénéficiait d’un accompagnement musical orchestré par le musicien Matthew Herbert, pendant que j’étais au marteau. Le public misait en rythme. Il y avait une ambiance incroyable. La vente était composée d’œuvres d’artistes contemporains inspirés par la musique. Elle comptait aussi des œuvres faites pour l’occasion par des musiciens – par exemple un skateboard décoré par Paul McCartney –, des memorabilia et des portraits de musiciens réalisés par des photographes. La vente « Bric » (d’après le terme inventé en 2001 par James O’Neil, de la banque d’investissement Goldman Sachs) a été la plus importante. Elle réunissait 438 œuvres venant de quatre pays émergents (Brésil, Russie, Inde et Chine) et a attiré 24 000 visiteurs à la Saatchi Gallery, à Londres, où se sont déroulées les enchères, pour un total de 7,1 millions de livres. Pour la vente « Sex », nous avons vendu nos 15 000 catalogues très rapidement. Nous aurions pu en produire cinq fois plus !
A quel rythme allez-vous continuer à développer ces ventes ?
La plupart des ventes thématiques vont devenir annuelles. Certaines en sont déjà à leur deuxième édition, comme « Latin America » (le 30 septembre à New York), « Music » (le 30 octobre à New York) et « Japan » – qui est la suite de « Kyobai » – le 13 novembre à Londres. « Now » aura lieu pour la troisième fois le 11 décembre à Londres. Il faut toujours innover. « Black & White » (le 16 septembre) et « 80’s », thème pour lequel notre société est idéalement équipée, comptent parmi les nouveautés à venir.
Que pense votre actionnaire majoritaire de cette programmation ?
L’attitude du groupe Mercury, actionnaire [russe] de Phillips de Pury & Company depuis octobre 2008, a été exemplaire. Mercury nous soutient dans tous nos axes de développement. Le dernier en date est l’ouverture d’une deuxième salle de ventes à New York, sur 450 Park Avenue. Cet espace sera inauguré en novembre par une série de ventes intitulées « Carte blanche ». Pour cette première, j’ai demandé au talentueux Philippe Ségalot de monter entièrement une vente.
« Italia », vente le 30 juin à Londres, Phillips de Pury & Company, tél. 01 42 78 67 77, www.phillipsdepury.com
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Simon de Pury : « Créer des nouveautés pour redynamiser le marché »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°328 du 25 juin 2010, avec le titre suivant : Simon de Pury : « Créer des nouveautés pour redynamiser le marché »