Le pavillon des arts et du design enregistre un net bond qualitatif.
PARIS - A priori, entre Art Paris et le Pavillon des arts et du design, il n’y a pas photo. L’un est un salon sage, voire plan-plan, l’autre est sexy et tendance. Or les deux manifestations parisiennes affichent une clientèle très franco-française. Faute d’audience étrangère, l’une comme l’autre ont été pénalisées par le ralentissement économique.
Question qualité, le Pavillon des arts et du design (2-6 avril) a réalisé un sérieux bond en avant, gagnant en homogénéité et en élégance. De fait, la majorité des marchands ont consenti à des efforts de scénographie, la palme revenant à Franck Laigneau (Paris), dont la mise en scène minimaliste valorisait la rigueur formelle de son mobilier Jugendstil. De même, Jeanniard-Rivière (Paris) avait opté pour une sobriété racée autour des meubles de Maria Pergay et de l’intrigant fauteuil Tambour d’Arman pour l’Atelier A. Guillaume de Casson (Paris) a pour sa part joué un sans-faute avec Pierre Paulin et Olivier Mourgue tandis que Chahan (Paris) offrait un stand raffiné dominé par les panneaux en bois de Jérôme et Evelyn Ackerman. Marc-Antoine Patissier (Paris) a brillé enfin avec une bibliothèque très constructiviste de Claudio Salocchi, tandis que Jousse Entreprise (Paris) déployait une spectaculaire table de conférence de Maria Pergay. Même sur les stands un tantinet confus, la curiosité était au rendez-vous, comme pour ce bureau en résine attribué à André Cazenave chez David Corcos (Paris).
Certes, quelques moutons noirs faisaient encore tache, ainsi des tartines de Tom Christopher et Pierre Devreux chez Tamenaga (Paris), ou des désespérantes peintures de Louis Cane présentées par les Ateliers Brugier (Paris). Globalement, un sérieux nettoyage s’impose parmi les exposants en beaux-arts. Certains s’abandonnent trop à des accrochages fourre-tout, à quelques exceptions notables comme Marie Watteau (Paris) ou Froissart-Lemaire (Paris), dont une terre cuite d’Émile Hébert a séduit le Musée d’Orsay.
Dans un contexte hésitant, les marchands n’ont pas sorti la grosse artillerie. « Je n’ai pas mis les pièces les plus prestigieuses car je n’ai plus de clientèle en France pour cela. Il ne faut pas dépasser la barrière des 100 000 euros », observait Matthieu de Prémont, de la galerie Olivier Watelet (Paris). Au final, les transactions ont peiné même à franchir le seuil des 40 000 euros. Bien que le beau parterre de collectionneurs et le flux non-stop de visiteurs aient donné un sentiment d’énergie, les affaires ont été globalement moyennes. Certes les Parisiens Zlotowski, Darga & Lansberg, Jean-Gabriel Mitterrand ou encore Jean-François Chabolle affichaient une mine réjouie. Le jour du montage, le décorateur Jacques Grange avait fait ses emplettes, emportant une série de dix chaises de Royère chez Chastel-Maréchal (Paris) et une céramique de Kristin McKirdy, acquise sur le beau stand de Pierre-Marie Giraud (Bruxelles). Mais la mercuriale accusait une certaine mollesse. « C’est beaucoup moins bien que l’an dernier, la différence est du simple au double, confiait Florent Jeanniard. Cela dit, nos prix ont aussi augmenté. La première fois, que j’ai présenté un tabouret Vague de Pergay, voilà trois ans, à 20 000 euros, je l’ai vendu tout de suite. Là j’en demandais 40 000 euros. À 10 000-20 000 euros, les choses restent du domaine de l’achat plaisir. Au-delà, c’est un investissement et dans une période de crise, les gens réfléchissent. » Et en profitent pour faire passer un grand oral aux galeristes. « Cela a été une foire difficile, où les affaires se faisaient à l’arraché. J’ai senti qu’on me faisait passer des examens auxquels je n’avais pas droit d’habitude », relate Marc-Antoine Patisser, lequel a finalement fait feu de tout bois en vendant ses luminaires de Gardella et de nombreux meubles.
Pour Patrick Perrin, organisateur de la foire, « que les galeries aient vendu ne serait-ce que correctement, alors qu’elles ne voient pas grand monde chez elles, ça reste positif ». Crise ou pas, celui-ci songe déjà à sa prochaine cuvée, espérant améliorer le niveau des exposants en bijoux et attirer des galeries américaines, si tant est que le dollar retrouve une parité normale avec l’euro. Alors que la création d’une bouture à New York en février 2009 a été actée, Patrick Perrin milite surtout pour une « Paris Week », concentrant sur une semaine la tenue du Pavillon, d’Art Paris et des deux salons du dessin. L’occasion d’oublier les défiances réciproques ?
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Sexy et tendance
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°279 du 11 avril 2008, avec le titre suivant : Sexy et tendance